Leurs mœurs et habitudes différaient radicalement des nôtres : alors que nous nous abstenions de fumer, que nous étions polis, respectueux et disciplinés et que nous nous comportions fraternellement les uns avec les autres, que nous nous interdisions de proférer des vulgarités et de gros mots, que nous observions la prière rituelle, comme le prescrivait le code d'honneur du moudjahid, les belhadjistes, à l'exemple de leur cruel et libidineux ex-chef éponyme, accumulaient tous les défauts possibles et imaginables de répugnants mercenaires. Si l'opération de ralliement des belhadjistes avait pu réussir, ce fut grâce à la persévérance du chahid commandant Si Mohamed (Djilali Bounaâma) qui, le 8 août 1961, tombera les armes à la main, lors d'un grand accrochage en plein cœur de la ville de Blida. C'était ce compagnon de valeur, qui devait me décider à quitter la zone II pour passer sous son commandement dans la zone lll de la Wilaya IV. Ainsi le ralliement des «kobustes», était venu couronner les patients et inlassables efforts déployés par le chahid Si Rachid Bouchouchi, d'Alger – alors chef de la région Theniet El-Had –, qui sut, avec grand tact, maintenir le contact avec les colonels «belhadjistes». Le capitaine Bouchouchi trouvera la mort le 5 mai 1959, lors d'un grand accrochage à Ouled Bouachra, près de Médéa (zone II), en même temps que notre très cher chahid le colonel commandant la Wilaya IV Si Mhamed (Ahmed Bougara), de Khemis Miliana. Une fois que les belhadjistes eurent rejoint l'ALN, le FLN s'était mis à mieux respirer dans la région. Seul demeurait le problème de la harka du bachagha Boualem ; mais celle-ci n'était opérationnelle que dans le secteur de Oued El-Fodda, ex-Lamartine. Le commando de la zone III, avec à sa tête Si Mohamed (Djilali Bounaâma) attaquera à plusieurs reprises le poste militaire du bachagha Boualem, dans le douar de Beni Boudouane. Pour ce qui était des bellounistes, nous sommes parvenus à les repousser, notamment après l'attaque que nous avions menée au douar Siouf, où nous avions fait beaucoup de prisonniers. La population des régions du sud – Aïn Ouessara, Taza-Trollard, Siouf – avait démasqué la supercherie de Bellounis et de son armée et bien compris leur trahison. Nos commissaires politiques FLN devaient tenir plusieurs réunions dans les douars de la région pour expliquer les enjeux véritables du combat que nous menions contre le colonialisme français et l'infâme faune des valets locaux qui s'étaient mis à sa solde, en l'occurrence, les bellounistes, les kobustes, les harkis et les goumiers. D'ailleurs, le «général» Bellounis, devenu trop gourmand et commençant par se prendre au sérieux, ne tardera pas à être liquidé par ses fidèles amis de l'armée française. Il sera abattu par les hommes du 3e R.P.M.I.A. le 14 juillet 1958 à Boussaada. Je demeurai quelques jours encore au PC, avec le commandant de la région de Theniet El-Had, le chahid Si Rachid Bouchouchi, avant de repartir pour l'Ouarsenis, où je devais retrouver Si Mohamed Marengo (Mohamed Rekaizi), un ami d'enfance de Marengo (Hadjout), qui, ainsi que plusieurs combattants, était connu sous le nom de Marengo, sa ville natale... (à suivre...)