Résumé de la 36e partie n Sir Rupert craint que la gastro de Rice soit la fièvre de Scheele. Shrivenham, n'a jamais entendu parler de cette maladie... Shrivenham crut reconnaître Crosbie, «des pétroles», qu'il avait rencontré une fois ou deux. Sir Rupert sauta hors de la voiture et pénétra dans la boutique. Il prit une jarre et engagea avec le marchand une rapide conversation en arabe. Les deux hommes parlaient très vite et Shrivenham, chez qui le vocabulaire arabe était encore fort limité, ne comprenait pas grand-chose à ce qu'ils disaient. Sir Rupert, maniant des poteries, posait des questions auxquelles le commerçant répondait par un flot de paroles. Finalement, sir Rupert choisit un petit vase au col étroit, mit quelques pièces dans la main du marchand et regagna la voiture. Pour le bénéfice de Shrivenham, il commentait son achat. — Depuis des milliers et des milliers d'années, ces poteries sont fabriquées selon les mêmes procédés. On trouve cette même forme en Arménie, dans certaines régions de montagne… Tout en parlant, sir Rupert engageait deux doigts dans le col du récipient. — C'est du travail assez grossier, fit remarquer Shrivenham, sans le moindre enthousiasme. — Il n'a aucune valeur artistique, je vous l'accorde, mais au point de vue historique il est intéressant. Vous voyez ces oreilles ? Les objets les plus usuels, quand on sait les regarder, nous apprennent bien des choses. J'en ai une collection. A l'ambassade, sir Rupert demanda à être conduit immédiatement à sa chambre. Shrivenham nota avec amusement que sa conférence sur les poteries terminées, sir Rupert avait complètement oublié le vase qu'il venait d'acheter et l'avait laissé dans la voiture. Il se fit un devoir de le lui porter. Sir Rupert le remercia, de l'air de quelqu'un qui pense à autre chose, et Shrivenham se retira en se disant que les personnages d'importance étaient quelquefois de curieux individus. Shrivenham parti, sir Rupert s'approcha de la fenêtre et déroula la petite feuille de papier qu'il avait trouvée, enfoncée dans le col du vase. C'était un message de deux lignes, il en prit connaissance, brûla le billet et sonna un domestique, lequel arriva bientôt. — Monsieur a appelé ? Je puis défaire ses bagages ? — Pas encore ! Voudriez-vous dire à Mr Shrivenham que j'aimerais qu'il vînt me voir dans ma chambre ? Shrivenham ne tarda pas. Sa conscience ne lui reprochait rien, mais il ne se sentait pas rassuré. — Monsieur Shrivenham, lui dit sir Rupert, tous mes plans sont changés ! Je puis compter sur votre discrétion, n'est-ce pas ? — Oh ! absolument, monsieur ! — Voilà... il y a un certain temps que je ne suis pas venu à Bagdad ; en fait, je n'y ai pas remis les pieds depuis la fin de la guerre. Les hôtels sont bien sur l'autre rive du fleuve ? — Oui, monsieur ! Dans Rashid Street. — Adossés au Tigre ? — Oui, monsieur ! Le plus grand, le Babylonian, est celui où descendent les personnalités plus ou moins officielles. (à suivre...)