Récit n L'écriture à laquelle recourt l'auteur est démonstrative, proche même de l'écriture visuelle. Après Nous étions des adolescents, délinquants et patriotes durant la guerre d'Algérie, des mémoires parus aux éditions Mille Feuilles, Abdelkader Maïdi renouvelle son aventure avec l'écriture en publiant, à compte d'auteur, son deuxième livre, ‘Un Taxi à Alger'. Il écrit sous forme de récit des discussions avec Yassine, chauffeur de taxi à Alger. C'est un prétexte pour tenter de défendre «une profession mal-aimée», respectable, mais difficilement défendable, vu les préjugés portés en direction des chauffeurs de taxi, souvent sujets à beaucoup de critiques. Usant d'un langage simple, d'une écriture facile et aérée, souple et directe, l'auteur nous livre dans ce livre de près de 260 pages, les péripéties quotidiennes de Yassine, un chauffeur de taxi qui, avec sa voiture, sillonne les rues d'Alger ; et d'une ruelle à l'autre, il s'en va à la rencontre de ses clients dont il devient, le temps d'une course, le confident. «Un complice, méconnu, parfois, mal-aimé et critiqué, tantôt adulé et respecté.» Il partage avec chacun et chacune, et ce, l'instant d'un dérisoire trajet, des tranches de vie, celle, par exemple, d'un jeune commerçant en partance pour le Maroc, d'un étudiant en architecture, de cette jeune femme qui va accoucher, de Leïla la coiffeuse, ou encore de cet imam de Blida. Et bien d'autres encore. Outre ces petites conversations, l'auteur nous livre la vie de Yassine, un confident, un observateur aussi, un homme prêtant une ouïe attentive. Abdelkader Maïdi explore dans un style direct, parfois dans une narration concise, mais animée, une situation ordinaire que l'on vit au quotidien. Il aborde un sujet d'actualité, social, à travers lequel la psychologie de l'un comme de l'autre est illustrée. L'écriture à laquelle recourt l'auteur est démonstrative, proche même de l'écriture visuelle, puisqu'elle laisse défiler des images instantanées. Abdelkader Maïdi se veut un auteur témoin, puisque, à travers son personnage – Yassine –, il porte un regard non seulement sur la profession de chauffeur de taxi qu'il s'emploie à réhabiliter, mais aussi en direction de la société, par lequel il restitue dans son récit les différentes existences, tantôt insolites, tantôt communes de chacun et chacune. InfoSoir : Pourquoi un livre sur un chauffeur de taxi ? Abdelkader Maïdi : Les gens se plaignent très souvent du «taxieur» suite à des incompréhensions de part et d'autre, conjuguées à des comportements condamnables de certains adhérents à la profession, pas tous heureusement, car des chauffeurs de taxi honnêtes existent bel et bien. J'ai essayé d'apporter de par mes humbles écrits, un éclairage objectif sur ces transporteurs, parfois adulés et quelquefois «mal-aimés». L'écriture du livre est-elle basée sur des faits réels ou serait-elle simplement une fiction ? Certains sujets relatés ont réellement existé dans le temps et dans l'espace. Une sérieuse enquête avait été entreprise sur le terrain. Ajoutez à cela l'apport de témoignages en relation avec certains faits avérés. Ceux-ci m'avaient permis d'affermir mes récits et de présenter au lecteur un livre facile à lire. Vos personnages sont typés. Comment s'est fait votre choix ? Les histoires ciblées attirent sur elles constamment les projecteurs. A titre d'exemple, le «besnassi», la coiffeuse, les deux vendeurs de drogue, l'étudiante qui commercialise ses charmes, la mendiante, etc. Le «taxieur» transporte très souvent ces personnages et bien d'autres encore, qui, chacun à sa façon, racontent un tant soit peu leurs problèmes, leurs peines et parfois leurs joies et leurs attentes. Parlez-nous de Yacine – il est à la fois confident, observateur et témoin... Yassine est un ancien comptable reconverti en chauffeur de taxi, suite à une compression du personnel. Son boulot est pénible et contraignant. Il est sujet à une circulation routière infernale, sans compter les tracasseries avec les forces de l'ordre, et avec tout ça, il trouve le moyen d'écouter l'usager, de le conseiller et souvent de le réconforter, alors que son métier consiste plutôt à le mener à bon port, sans plus. Comment vivez-vous ce livre en particulier et l'écriture en général ? Je suis satisfait par ce livre. J'ai la conviction d'avoir traité un sujet qui nécessite une réelle prise en charge. Cet ouvrage a reçu un accueil chaleureux des lecteurs. La Sûreté nationale m'a félicité, je remercie ses éléments, ainsi que ceux du Syndicat des chauffeurs de taxi qui comptent m'inviter à une table ronde à la Radio nationale. L'écriture pour moi est une passion. Je préfère traiter surtout des sujets d'actualité.