Ils dénoncent l'octroi inéquitable des places dans les marchés. Sous l'oeil vigilent des services de sécurité et des casques bleus, déployés en force tout au long du boulevard Che Guevara à Alger, quelques centaines de vendeurs à la sauvette - plus de 1000 selon ces derniers - se sont rassemblés, hier, dès le début de la matinée devant l'APC de la Casbah, pour protester contre leur évacuation manu militari, jeudi dans la soirée, par les forces de l'ordre, de leurs étals de la rue de la Lyre. N'ayant bénéficié, contrairement à d'autres, d'aucun espace dans les deux marchés officiels installés -au niveau des Deux-Sources - à la Basse Casbah dans le cadre du réaménagement des espaces commerciaux, la plupart de ces jeunes protestataires ont tenu unanimement à dénoncer l'«injustice» voire le «mépris» que les autorités communales affichent à leur égard. Tous rejettent le prétexte de l'APC selon lequel seuls les habitants de la Casbah ont le droit d'exercice, et affirment, par là même, que 70% des bénéficiaires résident ailleurs que dans la vieille cité. Certains, plus virulents, accusent encore les responsables locaux de «pratiques mafieuses» et de «corruption» dans l'octroi des tables: «On a vendu des tables à des prix allant de 10.000 à 30.000 DA», confie l'un d'entre eux. D'autres indiquent que certaines personnes auraient eu droit à plusieurs étals à la fois. Jeudi 3 mars, en début de soirée, les éléments de la police, aidés par ceux de la Protection civile, ont procédé à l'évacuation massive des marchands parallèles qui occupent, depuis plus de dix ans, la rue de La Lyre et ses alentours. L'opération fait suite, selon un membre de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), à la décision du wali d'Alger qui a mis sur pied, pour ce faire, une commission composée également par la Direction de la concurrence et des prix de la wilaya d'Alger et de l'APC de la Casbah. Selon la même source, le wali d'Alger a supervisé sur place, vendredi 4 mars, le déroulement des opérations qui s'inscrivent, selon lui, dans le cadre de la mise en légalité de ces marchands. Notre interlocuteur précise qu'après une « minutieuse » enquête sur les 1600 demandes exprimées, seules 900 ont eu une suite favorable et qui auront dans les prochains jours à partager les 475 tables répertoriées à travers les deux espaces commerciaux. «Seuls les habitants de la Casbah ont droit d'acquérir une place dans les marchés en question» rétorque le vice-président de l'APC à notre question relative aux motifs de la fronde des marchands parallèles. Faux! répliquent ces derniers.: «Des personnes habitant Bachdjarah, Sidi Moussa voire même Laghouat ont été retenues» éructe un protestataire pour battre en brèche l'argument officiel. Dans un vacarme assourdissant, le face-à-face avec les éléments de la police a failli, un moment, dégénérer, n'était l'intervention de quelques personnes qui ont tenté, non sans heurts, d'apaiser les esprits. Le président de l'APC - qui a refusé de nous recevoir- a tenté vainement, de convaincre du bien-fondé de sa démarche les deux ou trois groupes de contestataires qu'il a reçus dans son bureau. Rien donc ne laissait présager d'un retour au calme. Les manifestants n'avaient nullement l'intention de baisser les bras d'autant qu'ils se considèrent comme victimes d'une «grave» injustice. Intransigeants, ils revendiquent, tous, une place dans le marché. Faute de quoi, ils retourneront sous les arcades de la rue qui leur faisaient office de vaste espace commercial et «advienne que pourra!» selon les dires d'un jeune trabendiste. L'autre revendication soulevée a trait à la mise sur pied d'une commission d'enquête pour, disent-ils, faire la lumière sur la distribution des étals. Dans l'après-midi, l'association de protection de l'activité commerciale, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, impute les événements d'hier au seul président d'APC de la Casbah. Dans un rassemblement qu'ils ont tenu au siège de la daïra de Bab El Oued, les responsables de cet organisme ont appelé à l'éradication définitive du marché parallèle et soutiennent la création d'une commission qui aura pour charge la gestion des affaires des commerçants.