Les quartiers de la Casbah, Bachdjerrah et Diar Echems sonnent-ils les clairons de la protestation sociale? Alger est sur une poudrière sociale qui risque d'exploser dans les prochains jours. Deux étincelles peuvent raviver le brasier: le démantèlement des marchés illicites et le relogement des familles nécessiteuses. Ces sept derniers jours ont vu s'installer des foyers de tension dans trois quartiers populaires connus pour être des zones sensibles au niveau de la capitale. Il s'agit de la Casbah, Bachdjerrah, Diar Echems qui sont autant de quartiers populaires ou couve une colère sociale grandissante. Les marchés illicites sont interdits. Les autorités procèdent à leur éradication. Ces opérations provoquent la colère des milliers de jeunes vendeurs. Ils sont plus d'un million à exercer dans le marché parallèle, à l'échelle nationale. Ce chiffre avoisine celui des commerçants qui activent dans la légalité et qui est de 1,2 million. Les observateurs s'interrogent sur les capacités de l'Etat à aller au bout de cette procédure. Les autorités sont-elles capables de fermer les marchés de Boumati et surtout celui du Hamiz? Ce dernier constitue une démonstration du marché parallèle institutionnalisé, selon les mêmes observateurs. De plus, les marchés de proximité instaurés semblent en deçà des aspirations des vendeurs. «Cette démarche est étonnante dans la mesure où la réalisation de ces marchés souffre de l'absence d'une expertise fiable», a fait remarquer, Kamel, un employé de la Fonction publique. Ainsi, l'alternative proposée par les autorités est en deçà des aspirations des jeunes. En plus, la rapidité et la sévérité avec laquelle les forces de l'ordre évacuent les marchés suscitent chez les jeunes vendeurs un sentiment de hogra. C'est à ce niveau que réside le danger d'embrasement de la situation, estiment les observateurs. Le plus inquiètant est que la réalité du terrain confirme leurs appréhensions. Des affrontements violents ont opposé des jeunes vendeurs de la Casbah aux policiers. Cela s'est passé le 25 septembre à l'ex-rue de la Lyre. Les policiers ont sévi vers 13h. «Ils ont procédé à l'arrestation de plusieurs jeunes. Cela a provoqué une bagarre générale», a regretté S.B., l'un des jeunes vendeurs. En quelques instants ce marché informel s'est mu en théâtre d'affrontements d'une violence inouïe. Désormais, les vendeurs n'étaleront plus leurs marchandises sur les deux côtes de la voie publique. Tout simplement, les autorités ont supprimé ce bazar à ciel ouvert. L'opération de démantèlement de ces marchés qui étouffent les rues d'Alger a été lancée le 21 septembre. Et c'est le marché de Bachdjarah, l'un des plus grands de la capitale, qui en a fait les frais. Cette opération s'est déroulée dans des conditions relativement calmes. Seulement, les observateurs craignent une recrudescence de la délinquance sur les lieux. «Depuis la suppression du marché, des actes d'agressions se multiplient», témoigne un homme qui a requis l'anonymat. Autrement dit, ce calme précède une tempête contestataire. Le marché de proximité construit par les autorités propose 500 places alors que l'ancien marché abritait 1200 vendeurs. Par ailleurs, un autre foyer de tension s'est déclenché à Diar Echems le 22 septembre. Des jeunes de cette cité ont renoué avec l'émeute après sept mois d'accalmie. Pour rappel, 307 familles de cette localité ont été relogées dans des appartements à Djenane Sfari dans la commune de Birkhadem. La cité compte 1150 familles vivant dans des F1 et des F2. Cela démontre encore une fois que les solutions proposées par l'Etat ne sont pas à la mesure du malaise profond que vit la société.