Joseph Merrick est ainsi décrit par Frederick Treves. «C'était sa tête, énorme et informe, qui frappait au premier abord. Une énorme masse osseuse faisait saillie comme un pain sur le front tandis qu'à l'arrière du crâne pendait un sac spongieux, comme fait de peau tapissée de petits champignons. En surface, elle ressemblait à du chou-fleur brunâtre. Quelques rares cheveux longs et raides prenaient racine au sommet du crâne. La protubérance osseuse fermait presque l'un des yeux. La tête atteignait en circonférence la mesure habituelle d'un tour de taille. De la mâchoire supérieure faisait encore saillie une autre protubérance de matière osseuse. Elle sortait de la bouche comme une souche rose, inversant le pli de la lèvre supérieure, et transformant l'orifice buccal en une sorte de goulot mal bouché. (...) Le nez n'était qu'une masse informe de chair (...) Le dos était horrible : y étaient suspendues des masses de chair qui pendaient comme des gibecières jusqu'à mi-cuisse, recouvertes de cette même peau en chou-fleur. Le bras droit était à la fois énorme et informe. Lui aussi était recouvert de cette peau en chou-fleur. La main était grande et maladroite – une ébauche de nageoire ou de pagaie plutôt qu'une main. (...) Le contraste avec l'autre bras était pourtant remarquable : non seulement il était normal, mais la peau était fine et la main si délicate que bien des dames la lui auraient enviée. Le torse lui aussi était paré d'un sac de chair répugnante, comme un goitre au cou d'un lézard. Les membres inférieurs se présentaient comme le bras droit : ils étaient lourds, comme hydropiques et grossièrement déformés.»