S.O.S. n 645 familles sont menacées d'expulsion, de nombreuses autres sont dans la rue et seulement 2 ont été relogées. Tel est le bilan dressé, hier, par le porte-parole du comité SOS Expulsion Hakim Selmi, lors d'une conférence de presse organisée au siège de la Laddh. «Nous assistons depuis 2009, date de la création de ce comité, à une série d'expulsions de façon continue, mais aussi à travers toutes les wilayas du pays. Il ne se passe pas un jour, sans que nous recevions des appels ou des femmes et des hommes en pleurs.» A Kouba, comme à Hussein Dey enfin, un peu partout, nous observons le même drame : «Des centaines de familles ont été jetées, ces deux dernières années, sans scrupule, à la rue et dans une insécurité totale». Sur un ton solennel, M. Selmi citera le cas d'une famille expulsée à Aïn Benian, qui vit actuellement sous une tente. «La crise du logement en Algérie n'existe pas, nous avons plutôt une crise de gestion du logement.» Avec l'installation du nouveau wali à Constantine, les 350 familles habitant l'avenue de Roumanie et ayant été expropriées de leurs maisons espèrent trouver une solution à ce problème, recommandera le porte-parole. Des situations pour le moins dramatiques vécues par certaines familles ont été évoquées lors de cette rencontre. C'est le cas de 7 familles qui se trouvent actuellement à la rue, une année et demie après leur expulsion des habitations qu'elles occupaient à l'intérieur de l'ex-centre de rééducation pour mineurs de Birkhadem. Le représentant de ces familles témoigne : «Notre famille habite les lieux depuis 1957... Malgré cela, l'ancien ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbes, a recouru à la justice pour faire de nous des SDF.» D'autres cas ont été signalés : celui d'une victime du séisme de Boumerdès qui a habité dans un chalet durant 7 ans, et qui a été sommée de réoccuper son propre logement situé à Hydra, bien qu'il ait été classé zone rouge à cette époque. Le père témoignera : «Je n'avais jamais imaginé que mon sort serait ainsi.» Des situations similaires opposant particulier à particulier, où des cas de location de biens immobiliers sans que les propriétaires trouvent une solution pour les locataires, ont été évoqués. Une dame à Blida raconte : «Je suis divorcée et j'ai deux filles à ma charge... Voilà je suis actuellement sans toit, après avoir évacué le lieu sous la pression d'un huissier et des agents de l'ordre public qui m'ont jetée à la rue. Les trois agents de douanes habitant à l'Ecole des douanes de Koléa, depuis 1986, menacés d'expulsion à la veille de l'Aïd El-Fitr par le directeur de cette école, crient à l'injustice ! De même, le groupe de retraités de l'Institut national de cartographie de la rue de Tripoli dit avoir été trahi par le règlement intérieur de l'administration. Intervenant lors de cette rencontre, Maître Chama, secrétaire général de la Laddh, a plaidé pour l'instauration d'un juge exécutif en mesure d'étudier le dossier et d'aller au fond du sujet. «Les textes en vigueur depuis 2009 sont à revoir, le ministre de la Justice doit agir pour stopper cette hémorragie qui menace un droit constitutionnel.»