Résumé de la 1re partie n La famille Laurent visite la réserve naturelle de la province du Québec. C'est un enchantement général... Les montagnes, les forêts de sapins, les saumons remontant la rivière, les renards, les cerfs, tout leur arrache des cris d'admiration. Rosalie et Michel n'ont qu'un regret : ils voudraient à tout prix voir un ours. Et jusqu'ici, bien qu'ils soient nombreux dans la réserve, aucun n'a daigné se manifester. Il est midi. La voiture se trouve au bord d'un plateau qui surplombe un splendide panorama. Le temps est radieux et même chaud : jamais on ne se croirait dans une contrée aussi nordique. Jean-Claude Laurent décide de s'arrêter pour pique-niquer sur place. Et tout le monde descend : Elisabeth en tête, avec Rosalie, portant les couvertures ; M. Laurent derrière avec Michel, portant les provisions. Ce dernier s'adresse à son père d'un ton enjoué. — Hé, papa, peut-être que cette fois on va les voir, les ours ! — Peut-être, mais il faudra être prudent... Prudent, c'est Jean-Claude Laurent qui ne l'est pas. Le règlement de la réserve est formel : il est interdit de sortir de sa voiture. Pour manger, en particulier, on doit rester à l'intérieur. Mais Jean-Claude a trouvé qu'il serait dommage de ne pas profiter d'un tel cadre. Si un danger se manifeste, on pourra toujours remonter dans le véhicule... Soudain, il y a un bruit, un bruit de branches cassées, suivi d'un grognement. Elisabeth serre instinctivement sa fille contre elle et se retourne. D'un buisson tout proche, un petit ours vient de surgir. Michel a un cri : — Oh, papa, regarde comme il est mignon ! Rosalie fait écho à son frère : — Maman, je peux aller le caresser ? Elisabeth regarde de tous ses yeux. Effectivement l'ours n'est pas très gros. C'est même un ourson. Il est moins grand qu'elle et il n'a pas l'air agressif. Il reste là, planté devant eux, un peu ballot, se demandant ce qu'il doit faire. Mais le problème est qu'il se trouve entre les Laurent et leur voiture. Il n'est pas possible, comme l'avait prévu Jean-Claude, de regagner l'auto. Alors, ce denier se met à crier et à agiter les bras pour le faire fuir. L'ourson le regarde, tout étonné, et soudain il a l'air d'avoir effectivement peur. Il s'enfuit derrière les arbres aussi rapidement qu'il est venu. Mme Laurent respire. Même si c'est un ourson, ils ont eu chaud. Rosalie et Michel qui n'ont pas éprouvé, eux, la moindre inquiétude, manifestent leur désappointement. — Pourquoi l'ours est parti ? On voulait jouer avec lui. Ce n'est pas juste ! La voix des deux enfants se tait brusquement. Un autre grognement vient de retentir, mais il n'a rien de comparable avec le précédent. C'est un rugissement, un hurlement, semblable au son d'une meute de chiens de chasse déchaînés. Un nouvel ours vient de surgir sur le chemin, au même endroit. Une masse énorme, avec sa fourrure noire et argent et sa bosse caractéristique au bas de la nuque. Elisabeth Laurent note tous ces détails avec une absence d'émotion qui l'étonne. Elle se dit simplement : «Un grizzli adulte de grande taille. Il est au moins deux fois plus grand que Jean-Claude. C'est une femelle, la mère qui accompagnait l'ourson...» La suite se passe à toute allure. Jean-Claude Laurent, qui était le plus près du fauve, tente de fuir, mais il est attaqué le premier. L'ourse le renverse d'un seul coup de sa terrible patte. Elisabeth voit l'animal s'acharner sur lui. La bête lui a agrippé la jambe. Aux côtés de son père, le petit Michel, paralysé de terreur, reste immobile comme une statue, les yeux grands ouverts. (à suivre...)