Défaillance n «Allez dans un autre hôpital, ici c'est complet, ou alors revenez demain !», telle est la réponse donnée à de nombreuses femmes sur le point d'accoucher. Au 3e jour de l'Aïd El-Fitr, à 11h, à l'hôpital de Belfort, l'ambiance est des plus tendues aux urgences. La salle d'attente ne désemplit pas de femmes sur le point d'accoucher. A l'entrée de l'hôpital, les agents d'accueil, dépassés, affichent leur inquiétude. Tout le monde, médecins, agents de sécurité, assistantes médicales est troublé par cette grande affluence de femmes enceintes, de jour comme de nuit. Des femmes accompagnées généralement de leur belle-mère ou leur mari préfèrent être prises en charge directement aux urgences, ce qui n'est pas fait pour faciliter le travail des urgentistes. Fatigué, dépassé, et même un peu découragé, le personnel de cet hôpital continue malgré cela, à accepter des centaines de malades par jour. «Assister à des accouchements près des structures concernées à même le sol, dans les salles d'attente ou au seuil de la salle d'accouchement est fréquent dans nos hôpitaux. Au début du travail, les femmes sont orientées, si les places manquent, vers d'autres hôpitaux, d'autres en revanche sont livrées à elles-mêmes. Celles qui refusent d'aller dans un autre hôpital dans l'espoir d'arracher une place le regrettent souvent, car nombreuses ont été obligées d'accoucher à même le sol ou dans leur voiture. C'est devenu normal ! Pas plus tard qu'hier, un homme a fait une crise de nerfs car les médecins refusaient de prendre en charge sa femme qui a dû accoucher dans la salle d'attente. Et elle n'est pas la seule. Il y a deux jours, une autre femme aurait connu le même sort, n'était la pression des personnes présentes qui ont exigé que des soins lui soient prodigués», témoigne une femme d'un certain âge. «J'habite à Belfort et malgré cela j'ai été renvoyée par le médecin. Dix minutes après, j'accouchais dans ma voiture. Cela s'est passé en 1992 et c'était ma première expérience», nous confie Fatiha, mère de trois enfants. «C'est grave ! C'est même tragique de voir que les choses ne se sont pas améliorées depuis.» La récurrence de ces cas ne semble pas attirer l'attention des responsables du secteur de la santé qui préfèrent revenir sur la réforme annoncée il y a quelques années déjà, alors que le nombre de femmes enceintes qui affluent vers ces établissements souvent inadaptés, augmente tous les jours. «Tout le bloc est saturé», disent les médecins. «Allez dans un autre hôpital, ici c'est complet, ou alors revenez demain !» est la réponse donnée à de nombreuses femmes sur le point d'accoucher. Celles qui présentent des complications ou souffrent de maladies cardiaques sont orientées vers l'hôpital de Mustapha-Pacha.