Résumé de la 16e partie n Jim Jones, chef de la secte Temple du peuple, donne un prêche à San Francisco, au début des années 1970. Le révérend crie de nouveau : «oui, vous tous qui êtes ici, vous n'êtes que des pécheurs endurcis ! La parole vient à vous, mais vous refusez de l'écouter !» Il pointe un doigt vers un homme. — toi, par exemple, as-tu écouté la parole qui est venue à toi ? L'homme baisse les yeux, honteux d'être ainsi pris à partie. — bien sûr que tu l'as entendue, mais cette parole, l'as-tu appliquée ? L'homme a toujours la tête baissée, mais le révérend ne s'intéresse plus à lui, il regarde d'autres personnes, des hommes et des femmes, et il répète : — la parole, il n'y a qu'elle qui soit la vérité ! La parole qu'il faut écouter est, bien entendu, la sienne et l'obéissance qui est demandée, c'est l'obéissance à ses ordres ! Jim Jones est un homme qui sait parler et surtout convaincre : il trouve les mots qu'il faut pour faire réagir et surtout pousser ceux qui l'écoutent à adhérer à ce qu'il dit. Dans la salle pleine à craquer où il parle ce jour-là, on entend des pleurs et des gémissements. Les pécheurs se manifestent et le révérend les désigne du doigt. «Vous qui pleurez, vous qui gémissez, repentez-vous ! Lavez-vous de vos péchés, acceptez la grâce de Dieu et vous ferez enfin partie du peuple des élus. Mais si vous vous entêtez, le châtiment de Dieu s'abattra sur vous, comme un aigle qui fond sur sa proie, et vous serez précipités dans le feu !» Jim Jones ne voit pas, recroquevillé sur lui-même, comme s'il avait mal, un frêle adolescent de seize ans qui tremble de tous ses membres. Il est disciple du révérend et il écoute tous les prêches de Jones. Malgré l'interdiction de ses parents, il le suit partout, négligeant ses études… A l'issue du prêche, il quitte la salle bouleversé. S'est-il senti visé par les accusations du prêtre ? A-t-il commis quelque vilenie dont il veut se laver ? Quoi qu'il en soit, en s'engouffrant dans la bouche du métro de San Francisco, il n'a qu'une idée en tête : se châtier pour se racheter et éviter, au moment du grand cataclysme annoncé par le gourou, les flammes de l'enfer. Il s'approche des rails. «Attention !» crie une femme. De l'avis des témoins, il donnait l'impression d'être dans un état second, en tout cas il ne réagit pas aux appels à la prudence, restant au bord du vide. Le bruit de la rame arrivant a toute vitesse le fait sursauter. Il fait alors un mouvement vers l'avant. Des mains se tendent mais avant qu'on ne le retienne, il s'est jeté dans le vide. Presque au même moment, le train entre dans la station, déchiquetant le frêle corps, faisant gicler son sang. Une horreur ! — Un accident ! crie quelqu'un. — Non, disent ceux qui ont assisté de près à la scène, c'est un suicide : il s'est jeté sous le train au moment où il entrait dans la station ! La police et les secours arrivent peu après, mais pour le jeune homme, il n'y a plus rien à faire… (à suivre...)