Louis Nieto, 38 ans, employé d'un syndicat communal à l'entretien des berges de l'Ariège, est en prison depuis juillet 2002. Mais l'enquête se poursuit sur d'autres dossiers non élucidés pour cet homme qui a incendié les appartements de ses victimes afin d'effacer toute trace. Il a ainsi été entendu pour un troisième meurtre. Louis Nieto a d'abord avoué devant les gendarmes de la brigade de recherches de Muret. Mais, depuis cinq mois, il nie farouchement. Les enquêteurs ne cachent pourtant pas leurs soupçons sur d'autres affaires qui méritent «d'être vérifiées» dans la région. Au mois de mars 2002, André Costes, un invalide de 57 ans, est retrouvé mort carbonisé dans son appartement du quartier Saint-Paul d'Auterive. Un incendie suspect, car plusieurs départs de feu sont remarqués par les secours. Curieusement, une autre victime appartenant au même milieu, un peu marginal, avait été découverte carbonisée, elle aussi, dans son appartement. Il s'agit de Joseph Pradel, 43 ans, gros buveur comme André Costes. L'enquête avait d'abord conclu à un accident, mais «les confrontations techniques» avec le deuxième décès démentent cette version. En faisant le tour des voisins, les gendarmes établissent alors un lien entre les deux victimes. C'est Louis Nieto, un de leurs compagnons de bar. Nieto a aussi agressé un autre homme pour lui voler ses économies. Ce témoin le reconnaît. «Je les ai brûlés pour effacer les empreintes.» «Nieto n'est ni un voyou patenté ni un mauvais bougre», commente un enquêteur, qui se demande surtout «pourquoi deux meurtres et pas d'autres ?». L'argent, en effet, semble avoir été le mobile des deux crimes. Petit gabarit, nerveux, Louis Nieto vivait dans une cave d'une cité HLM avec sa femme et ses trois enfants au moment de son arrestation. Le couple allait mal et Petit Louis avait été mis à la porte du domicile conjugal. «Ils m'ont mal parlé. Je les ai tapés. Je les ai brûlés pour effacer les empreintes», explique-t-il alors, fournissant de nombreux détails que seul l'agresseur pouvait connaître. Depuis, il est revenu sur ses aveux. «Il y était sans doute mais peut-être pas tout seul. Il en a été peut-être le spectateur», avance son avocat, Me Pierre Le Bonjour, qui soulève une autre hypothèse : «S'il s'est dénoncé, c'est une forme d'appel à l'aide pour attirer l'attention de sa femme.» Et l'avocat de citer de nombreuses incohérences dans les témoignages de ceux qui disent avoir vu le suspect sur le lieu d'un des incendies. Me Le Bonjour déclare avoir des doutes sur les conditions dans lesquelles les aveux de son client ont été obtenus. Mis en cause et entendu dans une troisième affaire de meurtre, «il n'a pas été mis en examen», ajoute l'avocat. La chambre d'instruction de la cour d'appel de Toulouse a, en tout cas, refusé sa mise en liberté.