Concept n Il fait partie de cette jeune génération d'artistes qui a malheureusement quitté le pays pour s'accomplir et s'épanouir en Europe. Tarik Chouach a d'abord fait ses classes à Alger au conservatoire de Kouba, un conservatoire un peu trop conservateur par rapport à la largeur de la vision du jeune homme. Bénéficiant de l'avantage qu'a cette jeunesse musicale algéroise, Tarik s'est imbibé d'influences typiques du pays. L'essence de son voyage initialement estudiantin est la rencontre de la musique sahraouie, chaabie, gnawie avec le jazz et le blues, les bases de toutes les fusions euromaghrébines. C'est sur les bancs de la fac, que Tarik rencontre François Puyalto avec qui il forme le duo la Peau. Un tandem ouvert à toutes les influences, et qui peut malaxer tout et n'importe quoi pour en sortir une forte émotion musicale. D'ailleurs, Tarik lui-même voit cette rencontre comme «le duo du spleen qui réagit, de la sensualité et du désir, de l'amour et de toutes les violences, de la mélancolie et de la joie adolescente...Le duo qui aime à planter des marguerites dans le désert, celui des grandes brassées d'amour, des mois d'avril brûlants, des roses, des épines, des poignées de main et de tout ce qui tient vivant...mais bon». Puis en 2001, un nouveau bébé voit le jour, Taranta-Babu, un nom plus qu'insolite pour une formation musicale. Ce nom, inspiré d'un célèbre recueil du poète turc Nazim Hikmet, est celui d'une femme africaine, mystérieuse destinataire de ces «lettres à Tarant-barbu» écrites mais jamais envoyées par un mari exilé dans l'Italie fasciste des années de guerre…Cette nouvelle formation est le fruit d'autres rencontres avec Matthias Mahler (guitare), Fabien Kisoka (basse), et la batteuse Tatiana Mladenovitch. De fil en aiguille, ils réussissent à s'imposer petit à petit sur la scène ou sur les projets musicaux en groupe, en duo ou individuellement. Lors du Festival Panafricain d'Alger au mois de juillet 2009, Tarik est convié individuellement sur la scène africaine. Pour ce grand événement il a fouillé le placard de ses vieilles influences, et a débarqué à Alger avec un gumbri à la main. Mais en bon anticonformiste musical Tarik introduit ce qui se fait de mieux en matière de technologie mise au service de l'art. Il adapte le multi effets à un instrument vieux de quatre siècles. Et grâce à une valise magique comme il la nomme, Tarik et son gumbri font office d'orchestre complet. Le multi effets transforme la sonorité du gumbri en percussion, bruits de fond, basse…, selon les besoins du morceau. Et la valise permettait d'enregistrer jusqu'à dix pistes différentes, les superposer puis les rediffuser en boucle pour que Tarik puisse jouer son solo. Ce concept de Dumb très développé en Europe donnera naissance à un nouveau projet «Solo Gumbri» initié par Tarik. Un beau projet musical qui aboutira à un nouvel album ‘Taranta-Babu' volume 2. Un pur concentré d'émotions, comme le voient ses concepteurs : «Taranta-Babu ! C'est un corps à cinq membres qui se rassemble pour s'émouvoir c'est la terre qui résonne d'une lointaine lecture c'est le cœur d'un être complexe, inquiet, tendre, râleur, rieur et chahuteur. Pour un passionné d'images et de mots et quelqu'un qui aime qu'on lui raconte des histoires, Taranta-babu est un conteur universel. Il y a dans sa musique tous les mots que l'on voudrait joindre pour raconter des petites histoires de la terre qu'elles soient urbaines ou rurales.» Il règne une ambiance de joyeuse fin du monde sur la musique de ce groupe. Ce projet dégage une énorme énergie froide et statique. Loin des sentiers battus et de tout conformisme, le groupe évolue entre musique de film, jazz instrumental, musiques du monde et brassage d'influences diverses, Tarik semble avoir réalisé son souhait lui qui déclarait en 2009 vouloir «pouvoir jouer librement, trouver un public attentif et assoiffé de découverte parce que je ne peux faire de la musique sur un modèle prédéfini».