Parfois, il suffit de peu pour donner beaucoup. C'est presque l'histoire du conservatoire de Skikda qui, après des années-lumière d'oubli durant l'ère du RND, puis celle d'El Islah, celui-ci se voit subitement et agréablement propulsé au-devant de la scène. Ainsi, et après l'émouvante allocution du nouveau maire de la ville, qui avait promis de procéder à la réouverture du conservatoire, le wali, en personne, s'est déplacé sur les lieux pour s'enquérir de la situation et décider sur place de « mettre tous les moyens nécessaires pour que le conservatoire puisse rouvrir et jouer pleinement son rôle ». Il insistera cependant sur la qualité des aménagements à apporter, quitte à « y mettre le paquet ». La visite du wali, en compagnie du P/APC, aura aussi permis de voir l'état de délabrement, aussi avancé que dangereux de l'endroit, et de décider, in situ, de tout entreprendre pour sauver le conservatoire d'une gabegie préméditée. Le conservatoire communal de chant, de danse et de déclamation de Skikda est donc appelé à vivre de grandes opérations de réhabilitation et de confortement, lui permettant de renouer avec sa vocation première. Cette ville aura donc aujourd'hui à redoubler d'efforts et de moyens pour relancer ce lieu de la culture, alors que de simples opérations de confortement et d'entretien qui, entrepris à temps, auraient largement évité tant de calamités. Bref, l'essentiel est dans l'avenir, et il ne devrait être que radieux pour ces lieux mythiques de la culture locale. Véritable mémoire de la ville, le conservatoire était un label culturel et un must, qui aura formé tant d'artistes de renommée nationale et internationale. Oui internationale, et ce n'est pas une erreur de frappe, mais une vérité qui témoigne de l'attachement profond de Skikda au monde de la culture, même si les nouveaux « bien-pensants » ne cessent de l'attirer vers le bas. Les exemples d'artistes qui ont fait leurs premiers pas dans ce lieu de la culture sont multiples, et il suffit juste de citer, Amal Wahbi, Meguiba, musicien et arrangeur du prestigieux groupe Gnawa diffusion, Amar Zahi, fondateur et bassiste du groupe de Jazz Sinouj, et tant d'autres encore. Au cours des années 1980, et jusqu'à la fin des années 1990, plus de 400 élèves et plusieurs troupes musicales arpentaient allégrement les lieux, et s'imprégnaient de la chose culturelle locale. C'était l'âge d'or, une époque que Skikda voudrait revivre, non comme une vengeance contre l'oubli et la décadence, mais plutôt comme une renaissance. Un espoir pour les nouvelles générations.