Constat n Nos enfants souffrent. Ils ploient tels des roseaux sous le poids d'un cartable rarement désempli. La réforme scolaire, engagée depuis quelques années, a traîné derrière elle tout un changement. Outre l'importance du volume horaire et l'unification de la couleur du tablier dans les trois paliers de l'enseignement, la charge des manuels et des cahiers a doublé. La question du poids du cartable qui revient à chaque rentrée a même fini par faire de l'ombre aux autres dysfonctionnements ayant suivi cette réforme. Parler de l'impact de cette charge sur le dos de nos enfants aujourd'hui revient à considérer que la question exige une prise en charge urgente. Le problème tient, selon les enseignants, à la surcharge des programmes éducatifs et à l'absence d'espaces individuels dans nos établissements scolaires pour le rangement des livres et autres. Ils préconisent outre la mise à la disposition de l'élève de casiers, la réduction du poids des manuels scolaires en les fractionnant en deux ou trois volumes. D'autres, plus naïfs, recommandent la distribution de manuels en double exemplaire comme cela se fait dans certains pays qui ont sérieusement investi dans la prévention en finançant l'achat de livres supplémentaires pour certaines classes. L'enfant n'est donc plus obligé d'emporter avec lui les livres scolaires puisque l'établissement en met d'autres à sa disposition en classe. Loin de cet idéal, nos écoliers aujourd'hui n'ont d'autre choix que de transporter quotidiennement un matériel scolaire dont le poids dépasse de loin le seuil toléré, soit 10% du poids de l'enfant. Les avis des médecins interrogés à ce sujet sont unanimes : «Les conséquences sur la charpente osseuse de l'enfant sont dramatiques.» Les études faites à ce sujet attestent que «le cartable parfait pour un enfant d'environ 20 kilos ne doit pas dépasser les 2,5 kilos, pour un enfant de 30 kilos les 3,5 kilos et pour un enfant de 50 kilos, les 6 kilos». Une réalité scientifique qui laisse de marbre les responsables du secteur qui pourtant ne lésinent pas sur les promesses. En 2008, le ministère de l'Education avait promis de pourvoir, d'ici à 2010, toutes les classes du cycle primaire de casiers. Une solution qui devait permettre aux élèves de n'emporter chez eux que ce dont ils ont besoin. Deux ans plus tard, les dos de nos écoliers continuent à supporter le poids d'un cartable lourd en quantité et maigre en qualité. Les enfants ne peuvent ainsi compter que sur la vigilance de leurs parents, à savoir se renseigner sur les emplois du temps de chaque matière pour alléger leur fameux sac à dos.