Résumé de la 80e partie n Victoria rejoint Edward qui lui apprend qu'ils vont à Babylone... C'est on ne peut plus vrai ! déclara Edward. Mais n'attendez pas des merveilles ! Babylone n'est plus ce qu'elle a été… Victoria se mit à fredonner : Combien de milles d'ici Babylone ? Soixante et dix. Y serai-je avant qu'on n'allume les chandelles ? Bien sûr, et tu auras le temps de revenir ! — Je chantais ça quand j'étais toute petite, expliqua-t-elle. Si l'on m'avait dit qu'un jour j'irais vraiment à Babylone ! — Et nous en reviendrons avant qu'on n'allume les chandelles ! Du moins, je l'espère. Dans ce pays-ci, on n'est jamais sûr de rien ! — Le fait est que cette voiture a bien l'air d'avoir tout ce qu'il faut pour tomber en panne. — Ça lui arrivera, c'est probable ! Le chauffeur fera la réparation avec des bouts de ficelle, il dira «Inch' Allah !» et tout remarchera ! — La route est terrible ! dit Victoria entre deux cahots. La belle chaussée pavée n'était plus qu'un souvenir. La largeur de la route était restée la même, mais à chaque tour, de roue, l'auto avec une secousse, s'arrachait à quelque ornière. La carrosserie cliquetait avec un fracas épouvantable. — Ne vous tracassez pas ! cria Edward. Plus loin, c'est pis ! Ils allaient dans un nuage de poussière sans cesse renouvelé. Des chariots, conduits par des Arabes nonchalants et vraisemblablement sourds, se faisaient longtemps prier pour livrer le passage. Des bourricots, menés par des femmes remorquant des bandes d'enfants, ne mettaient pas plus d'empressement à s'écarter. Victoria ravie, riait de tout : elle était avec Edward et elle allait à Babylone. Il leur fallut deux heures pour y arriver. Pour Victoria, Babylone fut une déception. Ces tas de briques calcinées, ces montagnes de décombres n'évoquaient rien. Elle attendait des colonnes, des arcs de triomphe, quelque chose qui ressemblât aux photos qu'elle avait vues des ruines de Baalbek. On était loin du compte ! Peu à peu, pourtant, elle finit par s'intéresser aux explications du guide, dont elle avait tout d'abord écouté le verbiage d'une oreille distraite. Les figures d'animaux fantastiques moulées en relief sur les murs, la voie majestueuse qui conduit à la Porte d'Ishtar, d'autres vestiges encore, attestant la grandeur passée de la cité morte, éveillèrent sa curiosité et, quand ils s'assirent au pied du Lion fameux, pour faire honneur au déjeuner froid qu'Edward avait eu la précaution d'apporter, elle eût voulu tout savoir de la Babylone antique. Le guide s'éloigna, par discrétion, après avoir dit qu'ils devaient, dans l'après-midi, visiter le musée. — Croyez-vous que ce soit indispensable ? demanda Victoria à Edward. Des objets étiquetés et placés sous vitrines, ça ne signifie rien ! Je suis allée une fois au British Museum. Ce que j'ai pu m'y ennuyer ! — Le passé est toujours ennuyeux, déclara Edward. L'avenir est autrement intéressant. A suivre D'après Agatha Christie