Résumé de la 79e partie n Le Dr Rathbone conseille à Victoria de ne pas rester au Rameau d'Olivier, mais de chercher du travail à Bagdad... II y avait, dans le ton, comme une menace. Victoria ne cachait pas son étonnement. — Vraiment, docteur, je ne comprends pas... — Il est sage, dit-il, de ne pas se mêler de ce que l'on ne comprend pas… La menace cette fois, n'était pas douteuse. — Pourquoi êtes-vous venue travailler ici ? reprit Rathbone. A cause d'Edward ? Victoria rougit. — Bien sûr que non ! Le vieillard hocha la tête. — Edward a sa situation à faire et des années passeront avant qu'il ne puisse faire quelque chose pour vous. A votre place je ne penserais plus à lui. Ainsi que je vous l'ai dit, vous pouvez facilement trouver à Bagdad un emploi bien payé, où vous aurez de l'avenir... et où vous serez avec des gens de votre bord. Songez-y ! Il la regardait toujours. — Mais, docteur, affirme-t-elle avec énergie, j'aime énormément le Rameau d'Olivier ! Il haussa les épaules et Victoria quitta le bureau. La jeune fille ne savait trop que penser de cet entretien. Avait-elle de quelque façon éveillé les soupçons du docteur Rathbone ? Avait-il deviné en elle une espionne ? Certaines des phrases prononcées permettaient de le craindre. Elle s'était indignée quand il avait insinué qu'elle n'était venue au Rameau d'Olivier que pour être près d'Edward. Heureusement, tout en protestant, elle avait rougi, comme une sotte. Rathbone, à qui la chose n'avait pu échapper, était probablement convaincu que c'était bien à cause d'Edward qu'elle tenait à travailler avec lui. Cela la rassurait un peu. Mais elle n'en eut pas moins beaucoup de peine à s'endormir ce soir-là. Le lendemain matin, Victoria, qui s'était renseignée sur le Beit Melek Ali, une grande maison blanche, ancienne résidence royale, qui se trouvait sur la rive gauche du Tigre, descendit vers le fleuve. Elle suivit la berge pendant assez longtemps, passa devant de magnifiques villas, si silencieuses qu'on eût pu les croire inoccupées, traversa une palmeraie ombreuse, reconnut le Beit Melek Ali à la description qu'on lui en avait faite et arriva, un peu plus loin, à un endroit où s'amorçait une route qui s'éloignait du fleuve. Edward était là, fumant une cigarette, à côté d'une vieille automobile, d'un modèle passablement archaïque. — Bravo, dit-il. Vous ne vous êtes pas perdue en chemin. Montez ! Elle obéit avec joie. — Où allons-nous ? Le chauffeur, un Arabe vêtu de haillons, avait mis son moteur en marche et la voiture démarrait. — Nous allons à Babylone, répondit Edward. Nous avons bien droit à une petite escapade ! — A Babylone ? s'écria Victoria. C'est bien vrai ? L'auto, tournant à gauche, s'engageait sur une grande route pavée, d'une largeur impressionnante. A suivre D'après Agatha Christie