Chute de pierres : Un danger permanent Risque n Les citoyens se dirigeant vers l'est du pays ou venant de l'est vers la capitale retiennent leur souffle dès qu'ils s'approchent des gorges de Lakhdaria. Le danger de chute de pierres guette les passagers, notamment en cette période hivernale. Après de fortes pluies, des parties de grands rochers se détachent et peuvent tomber à tout moment sur des véhicules. Les plaques d'avertissement (danger chute de pierres) ne servent à rien, tant cette voie est inévitable. «Je ne comprends pas pourquoi on a mis ces panneaux ! Comment pouvons-nous être prudents alors que les pierres peuvent chuter à tout moment ? Circuler à 20km/h ou à 60km/h ne change rien à la situation», dit un taxieur venant de Skikda. «La mort nous guette à tout moment ici. Et depuis plusieurs années, l'Etat n'a rien fait pour nous mettre à l'abri.» «C'est désolant», peste un chauffeur de bus travaillant sur la ligne Alger-Sétif. «On dépense des milliards pour réaliser l'autoroute est-Ouest, alors que toute la priorité devait être accordée à ce tronçon de la mort», regrette notre interlocuteur. Il ne se passe pas un hiver sans que des citoyens périssent ici. Le dernier drame en date remonte au début octobre, lorsqu'une chute de pierres a tué deux ressortissants égyptiens, de passage sur ce tronçon et blessé grièvement six autres passagers. Un immense rocher s'était détaché et avait écrasé les trois véhicules. Le danger est toujours présent et risque de faire encore des victimes. Les voyageurs ayant la possibilité d'éviter ce passage n'hésitent pas à le faire. C'est le cas de ce transporteur de voyageurs Béjaïa-Alger. «Je préfère passer par Tizi Ouzou plutôt que de risquer ma vie. Avant mon départ de la gare routière, j'explique aux clients que le bus passera par Tizi et non par Bouira. Certains descendent, estimant que le voyage prendra beaucoup de temps, alors que d'autres préfèrent emprunter une route plus ou moins sécurisée plutôt que de risquer leur vie», affirme-t-il. Des filets de protection ont été mis en place, par endroits, sur des falaises pour empêcher la chute de pierres, mais cela est loin de rassurer les usagers de la RN5. Car les filets ont été réalisés sur une hauteur ne dépassant pas les dix mètres, alors que la montagne de rochers dépasse les cent mètres. Les grosses fissures marquant les grands rochers sont une source de panique. On ne sait pas à quel moment le drame peut se produire. «Il n'y a jamais eu une chute de pierres sans faire des victimes car cette route est tout le temps empruntée», témoignent des habitants de la localité de Ammal. Les deux barrages fixes dressés par les éléments de la Gendarmerie nationale à l'entrée et à la sortie des gorges de Lakhdaria ralentissent la circulation automobile sur ce tronçon. Cela crée un énorme embouteillage entre la localité de Ammal et la sortie de Lakhdaria, où le passage nécessite, parfois, plus d'une heure d'attente. «C'est le tronçon le plus désagréable de la RN5. L'ennui s'ajoute au danger de mort. On étouffe ici !», fulminent les passants. Ahmed Haniche