Rejet n Déçus par l'Administration Obama, les Palestiniens ont, de facto, enterré les dernières propositions américaines de relance du processus de paix moribond. Le processus de paix est dans un «coma profond» et les tentatives de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, pour le ressusciter sont totalement «inutiles» en l'état, estime le négociateur palestinien Nabil Chaath. «Ce processus de négociation n'a plus la moindre crédibilité», a déclaré samedi dernier Chaath en qualifiant l'«exercice de futile et ridicule», parlant même de «nausée» devant l'impasse, due selon lui à l'intransigeance du gouvernement Netanyahu et à l'impuissance de Washington. Selon le président palestinien Mahmoud Abbas, Benjamin Netanyahu a «choisi les colonies plutôt que la paix». «Je ne comprends pas comment on peut considérer que des colonies sont plus importantes que la paix pour les générations à venir», a-t-il dit hier, dimanche. Côté palestinien, personne ne croit à une reprise prochaine des négociations, suspendues depuis l'expiration, le 26 septembre dernier, d'un moratoire sur la colonisation. Les dirigeants de l'Autorité palestinienne ne décolèrent pas depuis l'échec cuisant de Washington dans sa tentative d'obtenir un nouveau gel des colonies. Les Américains ont abandonné l'idée après un embarrassant marchandage avec le Premier ministre israélien. Sa stratégie en miettes, Mme Clinton propose une nouvelle approche : des négociations indirectes sur les questions de fond (frontières, réfugiés, Jérusalem). Mais soutenus par la Ligue arabe, les Palestiniens ont signifié aux Etats-Unis qu'une reprise des négociations avec Israël était exclue sans gel de la colonisation, mettant la pression sur Washington pour présenter une «offre sérieuse». Les négociations proposées par Mme Clinton sont «totalement inutiles sans termes de référence», a insisté Chaath. Pour renouer le dialogue, les Palestiniens réclament des références politiques claires, comme la fin de l'occupation des territoires palestiniens, occupés en 1967, et Jérusalem-Est pour capitale. Ils demandent aussi la reconnaissance de l'Etat palestinien à l'intérieur des frontières de juin 1967, avant la guerre des Six-Jours, moyennant des échanges mineurs de territoire. Désillusionnés, les responsables palestiniens ne cachent pas qu'ils n'attendent plus grand-chose d'un président Barack Obama tout à ses problèmes intérieurs et bientôt en campagne électorale. Pour autant, ils n'ont pas l'intention de procéder à une «déclaration unilatérale d'indépendance», comme l'a rappelé le Premier ministre Salam Fayyad qui s'efforce d'ériger, avec les louanges de la communauté internationale, les bases d'un «Etat souverain et viable» d'ici la fin 2011. Face au blocage, les Palestiniens veulent intensifier «dans les prochains jours» leurs efforts pour obtenir la reconnaissance de leur Etat, à la suite des engagements de plusieurs pays latino-américains. Sur le front européen, l'Autorité palestinienne fait campagne pour le rehaussement du niveau de ses représentations diplomatiques, comme l'ont déjà fait la France, l'Espagne, le Portugal et la Norvège. En outre, les Palestiniens, qui se réfèrent au «modèle sud-africain» d'émancipation non violente, ont annoncé leur intention de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour tenter d'obtenir une résolution ordonnant l'arrêt de la colonisation juive. Celle-ci est illégale au regard du droit international. En revanche, ils n'envisagent pas, à se stade, de dissoudre l'Autorité palestinienne, une ultime option qui serait, selon Nabil Chaath, «apocalyptique».