Questionnements n Y a-t-il une relation entre le cinéma et le théâtre ? Le premier est-il le prolongement du deuxième ? Le cinéma est un art qui englobe le reste des formes d'expression artistique. Il est la nomenclature de plusieurs signifiants artistiques, et on peut le considérer comme la continuité du 4e art. Adila Bendimerad est une comédienne qui a joué dans plusieurs pièces dont ‘Fawdha et Kalam', et dans le film ‘Taxiphone el-maktoub'. Elle a participé dans ‘Parfum d'Alger' et a campé des personnages dans quelques courts métrages. Interrogée sur le sujet, elle a estimé qu'il s'agit de deux domaines indissociables, voire complémentaires. «Je ne dissocie pas le travail au cinéma de celui au théâtre. Pour moi, c'est quelque chose d'indissociable, cinéma ou théâtre, c'est pareil. Ce qui diffère, c'est la technique : parce que celle-ci est juste un instrument par lequel on s'exprime.» «Ce qui est important avant d'entrer en scène ou de se placer devant la caméra, c'est d'être libéré dans sa tête et de se construire une vraie colonne vertébrale, bien solide, et quand on y entre, il y a l'énergie et toute la musicalité du personnage que l'on va jouer et auxquelles on va donner volume et consistance. Le jeu, ensuite naturel, est mené avec une varie force.» Adila Bendimerad, qui déclare avoir une culture cinématographique, s'emploie, dit-elle, à faire du cinéma comme du théâtre «dans un acte réaliste», car c'est l'environnement qui le veut et le vécu qui l'impose, «et cela me paraît naturel», dit-elle. «Même si la pièce est stylisée, absurde, ce qui importe c'est bien la méthode par laquelle on cherche un vrai réalisme, crédible et convaincant ; et chaque comédien ou acteur a sa propre méthode pour aborder et exprimer le réel dont il fait partie». S'exprimant sur le théâtre algérien tel qu'il est perçu et pratiqué, Adila Bendimerad dira : «Le théâtre algérien est une vraie aventure en ce moment, une aventure intense de tous les jours, et donc c'est un théâtre qui m'étonne – notamment par rapport au public qui affiche vraiment de l'engouement. Il est en train de bouger dans tous les sens.» Et à la question de savoir s'il y a rupture entre l'ancienne et la nouvelle génération, elle répondra : «Je ne pense pas qu'il y ait rupture, il y a, au contraire, nouveauté, recherche, il y a quand même un héritage. C'est vrai qu'on peut faire ce que l'on veut de cet héritage et de la manière qui nous semble la mieux appropriée : soit on le prend et on continue dans la tradition, soit on le prend en y ajoutant un plus différent mais qui est la référence de cette différence. Ça peut être complètement l'opposé, mais par référence. On fonctionne par référence ; mais en même temps, il y a aussi des créations qui sont faites et fonctionnent dans une vraie liberté.» En prenant l'amour en exemple, Adila Bendimerad s'explique : «Si mon thème est l'amour, je vais, avec ma troupe, faire plein d'exercices de recherche sur ce thème et, selon les réactions des acteurs, en sortir un texte.» L'essentiel pour elle est de «donner une vraie vision, chercher une vision intérieure, la partager en expérience avec les gens, pousser l'expérience à bout et parvenir à donner quelque chose». Cette manière de travailler et d'aborder l'art des planches consiste en «une forme d'innovation». «Je ne reproduis pas le même schéma ; je suis contre l'extériorité, c'est-à-dire prendre l'extérieur et le ramener ; maintenant c'est vrai que parmi les textes que je choisis, je prends ceux des anciens. C'est différent parce que ces gens-là ont eu le génie de s'écouter eux-mêmes pour écrire des textes.»Parlant de sa prochaine création, Adila Bendimerad souligne :«Je n'ai pas choisi un texte, j'en ai récupéré beaucoup ; on va commencer à faire un petit peu l'atelier, mais on n'a pas encore choisi de textes, le texte viendra après, on va essayer de dire les choses pour ensuite développer les thèmes.»