Le soir de sa mort, ses voisines viennent la faire manger. Elle est souffrante et touche à peine à la nourriture. «El-Alia, si tu veux que l'une d'entre nous reste avec toi…– Non, non, rentrez chez vous ! vos époux et vos enfants ont besoin de vous !» Les voisines insistent : «Tu es sûre que tu n'auras besoin de rien ? – Non, Dieu Très Haut pourvoira à mes besoins.» Les voisines s'en vont. El-Alia meurt dans la nuit. Au matin, les voisines se présentent chez la vieille femme. Elles sont surprises par une odeur agréable qui émane de sa maison. «C'est du musc ! C'est du benjoin ! – El-Alia s'est donc levée dans la nuit pour brûler de l'encens ? – Sachant qu'elle ne pouvait plus se lever, les femmes sont soudain prises de peur…Quand elles se décident enfin à entrer dans la demeure, elles trouvent El-Alia étendue sur son lit, sa toilette funèbre faite et le linceul blanc la couvrant. Des bougies sont allumées et des bâtons d'encens brûlent dans un godet ! Et c'est ainsi que toute la Casbah a appris que El-Alia, la vieille femme, a été lavée par les Anges, en récompense des bienfaits qu'elle a faits dans la vie…Aujourd'hui peu de gens connaissent son histoire. Seul le grand cimetière d'Alger, El-Alia, perpétue son nom. Ce cimetière, dit-on, est un terrain qui lui a appartenu et dont elle a fait don à la communauté…