Résumé de la 1re partie Il y a longtemps vivait à Alger une sainte femme, El-Alia, qui avait mis ses biens au service des pauvres et des malheureux.... Elle n'avait jamais fait le pèlerinage de La Mecque, mais elle avait le visage rayonnant de ceux qui revenaient de la terre sainte. Chaque bien qu'elle faisait semblait se transformer en rayon de lumière. On dit qu'elle a été belle dans sa jeunesse et qu'elle a gardé en partie son éclat, mais la sainteté qui se dégageait d'elle l'illuminait encore plus. L'âge vient, l'âge qui handicape, faisant marcher difficilement, baissant la vue... El-Alia se déplace péniblement mais tant qu'il lui reste des forces, on la voit encore trottiner, appuyée sur sa canne, allant d?une maison à une autre, soulageant les misères... «El Alia, lui disait-on, repose-toi, tu peux à peine marcher ! ? Je ne peux pas me reposer quand d?autres souffrent. ? Toi aussi tu souffres ! ? Je soulage la peine des autres en espérant que Dieu soulagera les miennes dans l'Au-Delà et qu'il m'épargnera le supplice du feu ! ? Toi craindre le feu, El-Alia ! Mais tu n'arrêtes pas de faire le bien !» Et El-Alia soupirait : «J'aurais aimé avoir vingt ans et disposer de ressources inépuisables pour faire plus de bien !» Mais hélas, ses forces finissent par l'abandonner. Elle doit garder le lit. Elle n'a ni époux, ni enfants, ni même des proches, mais sa maison ne désemplit pas. On lui rend visite, on s'occupe d?elle, on lui fait à manger. Le soir de sa mort, ses voisines viennent la faire manger. Elle est souffrante et touche à peine à la nourriture. «El Alia, veux-tu que l'une d'entre nous reste avec toi ? ? Non, non, rentrez chez vous ! Vos époux et vos enfants ont besoin de vous ! ? Tu es sûre que tu n'auras besoin de rien ? ? Non, Dieu Le Très-Haut pourvoira à mes besoins.» Les voisines s'en vont. El-Alia meurt dans la nuit. Au matin, les voisines se présentent chez la vieille femme. Elles sont surprises par une odeur agréable qui sort de sa maison. «C?est du musc ! C?est du benjoin ! ? El Alia s'est donc levée dans la nuit pour brûler de l'encens ? ? Voyons, vous savez bien qu?elle ne peut plus se lever ! ? Moi, je ne suis pas retournée chez elle, dit une femme. ? Moi non plus», disent l'une après les autres les voisines. Les femmes sont soudain prises de peur... Quand elles se décident enfin à entrer dans la demeure, elles trouvent El-Alia étendue sur son lit, sa toilette funèbre faite et le linceul blanc la couvrant. Des bougies sont allumées et des bâtons d'encens brûlent dans un godet ! Et c'est ainsi que toute La Casbah apprend que El-Alia, la vieille femme, a été lavée par les anges, en récompense des bienfaits qu'elle a faits dans la vie... Aujourd'hui, peu de gens connaissent son histoire. Seul le grand cimetière d'Alger, El-Alia, perpétue son nom. Ce cimetière, dit-on, est un terrain qui lui a appartenu et dont elle a fait don à la communauté...