Incertitude n L'émissaire de l'Union africaine (UA) dans la crise ivoirienne, Raila Odinga, a décidé de mettre un terme à sa visite à Abidjan faute de résultat probant. «Le Premier ministre kenyan a quitté Abidjan ce mercredi matin après une mission de médiation de 48 heures qui n'a pas permis de débloquer la grave crise née de la présidentielle du 28 novembre», a indiqué son porte-parole, Salim Lone. Suite à des entretiens séparés, lundi avec le Président sortant, Laurent Gbagbo, sous pression internationale pour quitter la présidence, et Alassane Ouattara, reconnu à l'extérieur comme le Président légitime, M. Odinga a pris, hier, mardi, «contact» avec les deux parties, «mais rien de précis ne s'est dégagé jusqu'à présent», a expliqué M. Lone. Lundi soir, après son entrevue avec M. Gbagbo, le médiateur avait fait état de «progrès», sans préciser lesquels. Après avoir soumis des propositions aux deux camps, M. Odinga avait attendu, hier, un retour des deux parties. Le contenu de ses propositions n'a pas été dévoilé à la presse, mais le porte-parole a précisé qu'«aucune offre de partage du pouvoir n'a été faite». M. Odinga devrait se rendre directement à Accra ce mercredi. Il avait indiqué, lundi, qu'il envisageait d'aller pour consultations au Ghana, en Angola ou encore au Burkina Faso, après son passage en Côte d'Ivoire. Avant même son arrivée à Abidjan, la mission de M.Odinga, après une première médiation infructueuse début janvier, semblait quasi impossible, les deux camps campant sur leurs positions. Depuis des semaines, les médiateurs africains – le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, trois chefs d'Etat ouest-africains mandatés par la Communauté économique d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), ou encore l'ex-dirigeant nigérian, Olusegun Obasanjo –, ont défilé à Abidjan sans réussir à dénouer la crise. Les violences post-électorales ont fait 247 morts depuis la mi-décembre selon l'ONU qui, hier, a lancé, avec des ONG, un appel de fonds de 32,7 millions de dollars destinés à éviter une crise humanitaire majeure dans le pays que quelque 28 000 habitants ont déjà fui. La Cédéao menace de déloger par la force Laurent Gbagbo, et depuis hier à Bamako, les chefs d'état-major de ses 15 pays membres examinaient à nouveau les modalités d'une intervention militaire. Cependant, cette option doit être un dernier recours, selon Raila Odinga, ce qu'a également souligné le Président burkinabé, Blaise Compaoré, depuis Paris où il a abordé la crise ivoirienne avec le Président français Nicolas Sarkozy. Alassane Ouattara, retranché depuis les premiers jours de la crise dans un grand hôtel d'Abidjan sous blocus des forces loyales à Laurent Gbagbo, a plusieurs fois appelé à faire partir son rival par la force. Hier, le chef de l'opération de l'ONU dans le pays (Onuci), Choi Young-Jin, a dénoncé le blocus du Golf Hôtel et averti que la situation dans le pays n'était pas tenable. «La situation se détériore. Quelque chose doit être fait, cela ne peut plus durer très longtemps», s'est-il inquiété.