Il y eut une fois une terrible guerre et lorsque cette guerre prit fin, de nombreux soldats furent libérés et rentrèrent chez eux. Frère La Joie fut aussi libéré avec, pour tout pécule, un petit pain complet et quatre Kreuzer [1] de cuivre. Le très Saint Pierre s'était installé sur le chemin déguisé en pauvre mendiant et lorsque vint le frère La Joie, il lui demanda l'aumône. Celui-ci lui répondit : «Cher mendiant, que puis-je t'offrir ? J'étais soldat et j'ai été libéré et n'ai rien de plus qu'un morceau de pain complet et quatre Kreuzer de cuivre et comme c'est tout ce que je possède, je dois mendier ainsi que toi. Mais je peux cependant te donner quelque chose.» Là-dessus il partagea son pain en quatre morceaux et en offrit un à l'apôtre ainsi qu'un Kreuzer de cuivre (pièce de monnaie allemande). Le très Saint Pierre le remercia et s'éloigna. Il s'installa à un autre emplacement sous un autre déguisement toujours en mendiant et lorsque le moine se fut approché à nouveau de lui, il renouvela sa demande d'aumône. Le frère La Joie, répéta ce qu'il avait déclaré plus tôt, et lui offrit un autre morceau de pain et un autre Kreuzer de cuivre. Le très Saint Pierre s'éloigna à nouveau et à nouveau pour la troisième fois lui demanda l'aumône. Le frère La Joie lui offrit à nouveau un autre morceau de pain et un troisième Kreuzer de cuivre. Le très Saint Pierre le remercia encore tandis que le frère La Joie s'éloigna n'ayant plus qu'un dernier quignon de pain et son dernier Kreuzer de cuivre. Il se rendit donc dans une auberge, mangea son pain et s'offrit une bière avec le Kreuzer de cuivre restant. Quand il eut fini, il s'en alla. Alors, vint à sa rencontre le très Saint Pierre équipé comme un soldat libéré, il lui envoya son salut camarade ! en déclarant : «Peux-tu m'offrir un quignon de pain et un Kreuzer de cuivre pour m'offrir une boisson ?» «D'où pourrai-je les sortir ?» répondit le frère La Joie. «J'ai reçu pour solde guère plus qu'un morceau de pain et quatre Kreuzer de cuivre. J'ai croisé sur mon chemin trois mendiants à chacun j'ai donné un quartier de mon pain ainsi qu'un Kreuzer de cuivre. Le dernier quignon de pain je l'ai mangé dans une auberge et ai bu mon dernier Kreuzer de cuivre. Maintenant je suis à sec et si toi aussi tu n'as plus rien nous pouvons donc aller ensemble mendier.» «Non !» répondit le très Saint Pierre, «ce ne sera pas nécessaire, je m'y entends un peu en médecine et ainsi je peux gagner autant d'argent qu'il m'en faut.» «Oui !» répondit le frère La Joie, «en cela je n'y entends rien, alors je dois aller seul mendier !» «Non maintenant, viens avec moi !», rétorqua le très Saint Pierre, «lorsque je gagnerai quelque chose, tu en recevras la moitié !» «Cela me convient bien !», répondit le frère La Joie. Ainsi partirent-ils ensemble. Ils arrivèrent à une ferme et entendirent des cris et des hurlements terrifiants, ils se précipitèrent. Là était allongé un homme gravement malade et proche de la mort tandis que sa femme pleurait et hurlait bruyamment. «Cessez vos hurlements et essuyez vos pleurs, la pria le très Saint Pierre, je veux rendre la santé à votre homme.» Il prit un onguent dans son sac soigna dans l'instant le malade, qui put se lever sur-le-champ et se retrouva en pleine santé. Les époux pleins de joie demandèrent. «Comment pouvons-nous vous payer ?» (à suivre...)