Résumé de la 1re partie n Mrs Tornday veut absolument adopter le bébé que l'on a déposé devant sa porte... «Ecoute, Margret, j'ai cinquante ans ! Qu'est-ce que tu voudrais faire d'un gosse ? Tu te vois te mettre à pouponner ? Et puis, ce gamin, on ne sait pas d'où il sort ! — Eh bien, moi, je saurai ! — Et quand tu sauras ? — Quand je saurai, on verra !» Mrs Tornday a toujours, toujours été péremptoire. Et le policier qui la reçoit en fait l'expérience. Il a eu le tort de dire à sa visiteuse que «l'enquête ne la regardait pas»… Mrs Tornday est bien entendu d'un avis contraire... Et, à bout d'arguments devant la loi, elle trouve l'astuce suprême : «Et celui qui l'a déposé devant ma porte ? Vous le connaissez peut-être ? Non ? Eh bien, moi, si ! — C'est possible, Mrs Tornday, mais ça ne change rien au problème ! D'ailleurs, l'homme est en prison ! — L'homme ? Quel genre d'homme ? Hein ? Comment est-il ? Parce que ce n'est peut-être pas celui que vous croyez ! — Mrs Tornday, cet homme est le père de l'enfant, c'est un assassin ! Et il a reconnu lui-même avoir déposé l'enfant devant une porte ! — Et si je vous disais que j'ai vu l'homme qui a déposé l'enfant, justement ? — Vous n'avez pas déclaré ça à l'enquête ! — Je le déclare maintenant ! Et si ce n'est pas le même que le vôtre ?» L'astuce est bien trop naïve pour convaincre le policier qui s'attendrit malgré tout. «Allez voir le juge, je vais le prévenir. Il vous donnera peut-être l'autorisation de rendre visite au père.» Mrs Tornday n'a pas attendu le lendemain. Le jour même, elle faisait le siège du juge. Encore fallait-il que les visites soient possibles. Encore fallait-il que l'assassin accepte de recevoir cette dame inconnue. «Dites-lui bien que c'est moi qui ai trouvé son bébé ! Dites-le-lui bien !» On le lui dit. Et après tout un mois d'obstination, contre l'avis de son mari, Mrs Tornday se retrouve enfin dans un parloir, attendant de rencontrer enfin un assassin qui n'a plus rien à perdre, alors qu'elle a tout à gagner. L'homme arrive, s'assoit. Et, derrière la vitre qui les sépare, Mrs Tornday ouvre des yeux ronds : «C'est vous, le père du petit Gibb ? C'est vous ?» Mrs Tornday ne connaissait pas le nom de ce grand gaillard, et pourtant elle le croisait tous les jours, il n'y a pas si longtemps. Il faisait partie du paysage, elle lui aurait donné le Bon Dieu sans confession. Pour elle, il était Tonny, le pompiste de la station-service du quartier, celui qui remplissait le réservoir de sa voiture en souriant et lui gardait les bons qui donnent droit à une assiette ou un cache-pot. Un assassin ! Mrs Tornday se dit que, décidément, «on croit connaître les gens... et on ne sait rien d'eux»... Alors elle va tout savoir. Elle a un but pour cela : l'enfant, et une raison de plus qu'elle indique naïvement : «J'aime autant que ce soit lui, on se connaît de vue !» Ainsi Mrs Tornday connaît depuis longtemps l'assassin qu'elle a voulu rencontrer à tout prix, Tonny Gibb, trente ans, beau garçon, aimable, toujours impeccable dans sa combinaison bleue, débitant des litres d'essence avec le sourire, gérant d'une station-service. «Mais qu'est-ce que vous avez fait ? Le juge n'a rien voulu me dire, la police non plus. Vous avez tué du monde ? C'est pas possible !» (à suivre...)