Domiciliation n Il n'y a aucun doute : le prochain Algérie -Tunisie aura un goût très spécial après la «Révolution du jasmin» qui a ébranlé le pays voisin de l'Est. Après moult tergiversations à cause d'une «dramatique» problématique de gazon dans notre pays, la Fédération algérienne de football a décidé de domicilier officiellement le prochain match Algérie-Tunisie, entrant dans le cadre de la préparation des deux équipes pour la suite des éliminatoires de la CAN- 2012, au stade du 5-Juillet. La FAF ne s'en cache pas et indique que ce choix est motivé par le fait, qu'en plus de la disponibilité d'un terrain gazonné en bon état, les délais de mise à disposition des joueurs professionnels qui est de 48 heures seulement ne permettent pas d'organiser le match hors d'Alger. Il a fallu que Benchikha, le sélectionneur national, se déplace à Annaba (est-ce son travail ?) pour inspecter la pelouse du stade du 19-Mai-1956 pour que la FAF tranche au sujet du lieu de cette rencontre face aux Aigles de Carthage, qui intervient dans une situation très particulière avec la «Révolution du jasmin» qui vient d'ébranler notre voisin de l'Est. La sélection tunisienne, qui traverse une période difficile depuis quelque temps, sera certainement accueillie de manière triomphale par le public algérois, toujours connaisseur et avide d'exprimer ses sentiments et sa passion. On imagine d'ici, l'entrée des deux équipes et tout un stade qui se met debout pour applaudir longuement les coéquipiers d'Issam Jemaâ, y compris au moment des hymnes. A chacun son époque, diront les historiens dont certains ont fait le parallèle avec notre glorieuse équipe du FLN qui a été accueillie avec les honneurs durant son séjour en Tunisie et tout le soutien du peuple frère durant les années dures. Aujourd'hui, la Tunisie, dont le sélectionneur Fawzi Benzarti a remis sa démission, est à la recherche de son temps de gloire. Il y a sept ans seulement, devant les yeux admiratifs de Zine el-Abidine Ben Ali, la Tunisie enlevait son premier titre continental dans un pays qui servait déjà de modèle pour bon nombre de spécialistes du développement économique. Les clubs tunisiens servaient également de modèles, notamment les grandes écuries que sont l'Espérance de Tunis, longtemps présidée par le gendre de Ben Ali, le très puissant Slim Chiboub, et dont on dit qu'elle est proche du pouvoir et souvent privilégié, son rival le Club Africain, son ennemi de toujours, l'Etoile du Sahel, et le CS Sfax, la formation de la ville la plus industrielle du pays. C'est donc, dans ce contexte particulier, que ce match Algérie -Tunisie va se dérouler, au moment où toute marche ou rassemblement sont interdits, mais que le stade du 5-Juillet risque de faire le plein et donner libre cours aux supporters de s'exprimer. Comme en Tunisie, le stade a été l'exutoire du mal-être et le lieu de la contestation, l'Algérie en est pionnière. Ceux qui ont vécu l'avant 5-Octobre 1988, en connaissent un bout où les incidents se multipliaient et les slogans anti-pouvoir fusaient à profusion. C'est pourquoi, le «rassemblement», autorisé celui-là, au stade du 5-Juillet, servira non seulement de test aux Verts qui préparent leur match contre le Maroc, le 27 mars prochain, mais aussi aux pouvoirs publics qui multiplient depuis les dernières et violentes émeutes des jeunes les bonnes annonces pour une meilleure prise en charge de leurs immenses préoccupations.