Revendication n Les opposants à Hosni Moubarak ont passé une nouvelle nuit dans le centre du Caire et ont promis de manifester jusqu'au départ du Président égyptien, dont le sort semble désormais dépendre de l'armée. «L'armée doit choisir entre l'Egypte et Moubarak», était-il écrit sur une banderole exhibée sur la place Tahrir, dans le centre de la capitale, où les manifestants partageaient de la nourriture avec les soldats déployés pour rétablir l'ordre. Les violentes protestations qui se déroulent depuis plusieurs jours en Egypte, ont fait plus de 100 morts et les deux camps se trouvent désormais dans une impasse. Plus la contestation dure et plus la situation de Moubarak paraît intenable. Les nominations d'un Premier ministre et d'un vice-président n'ont pas été jugées comme des réponses suffisantes par les manifestants qui réclament simplement le départ du Président au pouvoir depuis 30 ans. Ses promesses en faveur de réformes économiques, visant à contenir l'inflation, créer des emplois et rétrécir le fossé entre riches et pauvres, n'ont pas eu l'effet escompté. Ancien chef de l'armée de l'air, Moubarak a consulté, hier, ses chefs militaires, qui semblent avoir son destin entre leurs mains. Selon un analyste, l'Occident a longtemps compté sur la capacité de Moubarak à se maintenir au pouvoir. Cette situation étant en train de changer, investisseurs et hommes politiques sont gagnés par la nervosité. Les Etats-Unis, qui ont fourni une aide de plusieurs milliards de dollars à leur allié égyptien depuis l'arrivée de Moubarak au pouvoir, continuent d'observer la situation avec inquiétude. Washington redoute la répétition d'un scénario comparable à celui de la révolution iranienne. Barack Obama a plaidé hier soir pour une «transition en bon ordre» et s'est entretenu avec les dirigeants des pays alliés dans la région. Mais selon un haut responsable américain, le sentiment parmi les conseillers d'Obama pour les questions de sécurité est que l'ère Moubarak est révolue. Toutefois, le Président américain estime que son pays ne doit pas s'ingérer dans la situation en raison des conséquences négatives qu'une telle intervention pourrait avoir. L'amiral Mike Mullen, chef de l'état-major américain, a salué hier le «professionnalisme» des forces armées égyptiennes qui ont évité de se lancer dans une répression de la contestation. De son côté, le ministre égyptien de la Défense a téléphoné à son homologue américain, Robert Gates.