Résumé de la 1re partie n Cyril Howe est contrarié par son supérieur qui lui demande d'arrêter William Little... Comme le policier paraît contrarié, la femme ajoute d'un geste du menton vers la porte du garage : «Regardez, il ne devait pas aller loin, il a laissé sa roue de secours. — De quel côté est-il parti ? — En direction du nord... — Bien. Merci. — Mais qu'est-ce qu'il a encore fait ?» Le policier hésite à répondre : comment dire à cette femme que son mari a commis une chose aussi monstrueuse : enlever une fille de quatorze ans. Et pour quoi faire, sinon la violer ? «Je n'ai pas le temps, madame, excusez-moi.» Cyril Howe, mâchonnant sa mauvaise humeur, court à sa voiture : chez lui, les enfants attendent. Se mettre à la recherche du bonhomme, cela signifie un paquet d'heures supplémentaires. Maintenant qu'il se dirige vers le nord, il n'a pas besoin de sirène. Le long de cette route qui débouche sur le désert, plus un chat. Si William Little a quitté la voie principale pour s'engager sur l'une des pistes qui rejoignent les fermes isolées, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Si, en revanche, il a continué droit devant lui, Cyril peut le suivre ainsi pendant des heures, voire des jours : ils ont toute l'Australie devant eux. Mais le policier freine brusquement : un paysan près de son tracteur en panne fait de l'auto-stop. «Désolé, monsieur, je ne peux pas vous prendre, j'ai un boulot urgent.» Le paysan un peu geignard se plie en deux pour baisser jusqu'à la portière deux petits yeux bleus et une moustache aux poils raides : «Je ne vais pas loin. — D'accord. Mais moi, je ne sais pas où je vais ! Je cherche quelqu'un. Vous n'avez pas vu passer une vieille Plymouth, par hasard ? — Si. — Il y a combien de temps ? — A l'instant. — Vous avez vu l'homme qui était dedans ? — Oui, un grand costaud avec un garçon... ou une fille, je ne sais pas trop.» Le policier sursaute : «Quoi ? C'était un garçon ou c'était une fille ? — Je n'en sais rien, moi... Il était habillé en garçon, mais il avait les cheveux blonds et bouclés et une jolie tête de fille. Je les ai arrêtés, mais je ne suis pas monté. — Pourquoi ? — Dame, ils allaient à côté, faire du camping dans le petit bois là-bas, au bord de la rivière !» Cyril Howe s'assure à tout hasard que son revolver glisse bien dans son holster, tape sur sa poche pour vérifier qu'il n'a pas oublié ses menottes et s'engage en voiture sur le sentier cahoteux que lui désigne le paysan. II parcourt quelques centaines de mètres dans le petit bois et aperçoit enfin la vieille Plymouth de William Little dans une clairière. Le voyou, qui sortait un panier de la malle arrière, entendant sans doute grincer les amortisseurs et l'herbe du sentier fouetter le pare-chocs de la voiture de police, se redresse et se retourne. Il est grand, brutal, les cheveux longs bouclés, mal rasé, une cigarette pend à ses lèvres, et malgré tout assez beau. Ce qui ressemble à un garçon en jean et blouson de cuir, assis dans la voiture, regarde avec curiosité la voiture du policier qui s'arrête à une vingtaine de mètres, et aussitôt William Little crie à l'intention de son compagnon : «Ne bouge pas ! Reste dans la voiture.» Cyril Howe, lui, a bien reconnu Lolita. Le jean avachi, le blouson de cuir flasque ne parviennent pas à déformer la ravissante silhouette de la jeune fille. Bien qu'elle n'ait que quatorze ans, ses yeux un peu provocants, son attitude aguicheuse la rendent déjà très attirante. Little l'a-t-il déjà violée ? (à suivre...)