Colère n Des dizaines de milliers de partisans de l'opposition yéménite manifestaient, ce jeudi matin, à Sanaa pour réclamer des réformes démocratiques, à quelques centaines de mètres d'un rassemblement similaire de partisans du pouvoir. Les deux manifestations se déroulaient dans le calme, chaque camp mobilisant ses partisans dans des lieux différents : sur la place Al-Tahrir (de la Libération) pour le parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), et près de l'université de Sanaâ, dans l'ouest de la capitale, pour l'opposition. Les partisans du CPG s'étaient rassemblés tôt sur la place Al-Tahrir où l'opposition avait prévu de manifester, contraignant les protestataires à changer le lieu de leur rassemblement. «Le peuple réclame un changement» de régime, clamaient les opposants à la politique gouvernementale, alors que les partisans du Président Ali Abdallah Saleh brandissaient des banderoles proclamant : «Non aux destructions, non à la sédition». «Non à un régime héréditaire, non à une prolongation du mandat» du Président Saleh, clamaient sur une banderole les manifestants de l'opposition rassemblés sur les trois grandes avenues conduisant à l'université de Sanaâ. L'opposition, inspirée par les exemples tunisien et égyptien, avait appelé à des manifestations jeudi pour réclamer des réformes démocratiques et affichait sa solidarité avec les Egyptiens contestant le Président Hosni Moubarak. «Que Dieu aide le peuple égyptien face au tyran Hosni Moubarak», répétaient en chœur les manifestants, encadrés par un service d'ordre, alors que la police se tenait à distance pour prévenir tout débordement. Sur la place Al-Tahrir, les partisans du parti au pouvoir scandaient des slogans de soutien au Président Ali Abdallah Saleh et hostiles à l'opposition. «Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour le Yémen», répétaient-ils. La place Al-Tahrir accueille habituellement les contestataires à Sanaâ, tout comme la place du Caire qui porte le même nom, transformée depuis mercredi en un terrain de guérilla entre opposants et partisans du président Hosni Moubarak. L'opposition yéménite semble avoir préféré éviter la confrontation : ses partisans ont sillonné dans la matinée les rues de la capitale à bord de voitures, appelant par mégaphones leurs partisans à se rassembler près de l'université de Sanaâ, «des hommes du parti au pouvoir et leurs éléments armés ayant occupé la place Al-Tahrir». Le CPG tente de reprendre l'initiative à l'opposition après la décision annoncée hier, mercredi, par M. Saleh de ne pas se représenter à la présidence à l'expiration de son mandat en 2013, de ne pas transmettre le pouvoir à son fils et de relancer l'appel au dialogue avec l'opposition, qu'il a invitée à annuler la manifestation de jeudi.