Des partisans du gouvernement du président Ali Abdallah Saleh ont refoulé quelques dizaines de Yéménites qui tentaient d'atteindre l'ambassade d'Egypte à Sanaâ en signe de solidarité avec les manifestations antigouvernementales dans ce pays. Les protestataires yéménites scandaient «le peuple veut la chute du régime», ont rapporté des témoins. A l'image de la «révolution du Jasmin» tunisienne et de la contestation en cours en Egypte, des milliers de Yéménites sont descendus dans les rues cette semaine pour demander le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. «Nous (...) appelons à la fin de la propagande médiatique et exhortons tous les partis politiques à collaborer pour engager un dialogue fructueux et prendre des dispositions pour les élections à venir», propose une commission du parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), dans un communiqué cité vendredi soir sur le site internet de l'agence officielle Saba. «En outre, nous réclamons vivement la fin des manifestations qui attisent les dissensions afin d'éviter d'entraîner le pays dans le conflit ou la sédition», ajoute-t-elle . Malgré les petits incidents signalés entre des partisans du pouvoir et des groupes d'opposants, le calme prévalait samedi dans les rues de Sanaâ, où environ 16 000 personnes avaient manifesté jeudi à l'occasion du principal rassemblement organisé depuis le début du mouvement de contestation quelques jours plus tôt. Le CPG avait annoncé en octobre dernier qu'il participerait aux élections prévues en avril prochain, alors que l'opposition espérait voir le gouvernement les reporter pour laisser plus de temps à des pourparlers sur des réformes promises de longue date. La contestation actuelle semble aussi motivée par une proposition formulée fin 2010 par des membres du CPG et visant à supprimer la limitation du nombre des mandats présidentiels, qui devrait contraindre Saleh à quitter le pouvoir en 2013. Pour calmer le jeu, le CPG a amendé la semaine dernière sa proposition sur les mandats présidentiels en suggérant plutôt de limiter leur nombre à deux et leur durée à cinq ou sept ans. L'opposition craint que cette éventuelle réforme permette à Saleh d'effectuer deux mandats supplémentaires. Outre ses problèmes sociaux et économiques, le Yémen sert de base arrière à la branche d'Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Le gouvernement est soutenu par les Etats-Unis dans sa lutte contre les extrémistes islamistes. Le Yémen est aussi confronté à une insurrection séparatiste dans le Sud et à une rébellion chiite dans le Nord.