L'onde de choc du séisme égyptien a atteint la majorité des capitales arabes. Les têtes de hauts responsables tombent l'une après l'autre. Le «la» est donné par Sanaa, Damas et Amman. Le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a convoqué le Parlement et le Conseil consultatif à une réunion aujourd'hui. Le chef de l'Etat devrait s'exprimer au cours de cette réunion. Celle-ci intervient à la veille d'une «Journée de colère» qui se déroulera demain à l'appel de l'opposition. Le parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), a également appelé ses partisans à des manifestations le jour même pour contrer l'opposition. Pour rappel, des milliers de Yéménites avaient manifesté jeudi dernier à Sanaa à l'appel de l'opposition contre la situation politique, économique et sociale dans leur pays, réclamant le changement du régime du président Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. La peur d'une contestation populaire massive a, également, touché le Royaume hachémite. Le roi Abdallah II de Jordanie a nommé Maarouf Bakhit pour remplacer Samir Rifaï à la tête du gouvernement et l'a chargé de mener de «réelles réformes politiques», a annoncé le Palais royal après plusieurs manifestations de l'opposition au cours des dernières semaines. La Syrie n'est pas en reste. Un appel à manifester vendredi après-midi contre la «monocratie, la corruption et la tyrannie», a été lancé ces derniers jours au pays du président Bachar Al Assad. Ces appels ont été relayés sur Facebook, pourtant censuré. Un groupe Facebook, qui avait réuni plus de 7800 membres, hier matin, a lancé un appel à manifester sous le slogan de «la Révolution syrienne 2011». Il invite les jeunes Syriens à manifester vendredi après la prière, «la première journée de la colère du peuple syrien et de rébellion civile dans toutes les villes syriennes». «Nous ne sommes pas contre ta personne mais contre la monocratie, la corruption et la tyrannie et le fait que ta famille et tes proches se soient accaparé des richesses», indique encore le texte, en s'adressant au président syrien, Bachar al-Assad. La crue contestataire du Nil a brisé le mur du silence des peuples arabes. La peur a changé de camp. Désormais, ce sont leurs gouvernants qui craignent des lendemains périlleux pour leurs régimes. Une question: quelle sera la nouvelle carte politique de ces pays? Toute réponse à cette interrogation ne peut occulter la voix coléreuse de la rue arabe qui se fait de plus en plus entendre.