Désespoir n Un manifestant venu rejoindre les jeunes chômeurs a failli s'immoler, n'était l'intervention des manifestants qui l'en ont empêché, évitant ainsi un drame in extremis. «Mon salaire ne me suffit pas et personne n'accorde aucune attention à ma situation… J'en ai marre», criait ce père de trois enfants originaire de Aïn Defla, agent de nettoyage à Net Com Alger. «Ma famille vit dans un taudis à Miliana et moi j'ai choisi d'être SDF dans la capitale pour ne pas dépenser mon pseudo-salaire», a-t-il martelé, expliquant qu'il a un Contrat de travail à durée déterminée (CDD) pour un salaire mensuel qui ne dépasse pas les 5 000 DA. Quelques minutes après, la victime sera transférée à l'hôpital dans une ambulance de la Protection civile. Après cet acte désespéré, la foule de jeunes – qui observait un sit-in devant le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale auquel a appelé le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (Cnddc), créé le 4 février dernier – scandait : «Djazaïr houra dimocratia». Des dizaines de jeunes venus de plusieurs wilayas du pays commençaient à investir les lieux à partir de 11h, brandissant le drapeau national. Ils ont dénoncé leurs conditions de vie et exigé un travail «digne de ce nom». En face du portail du ministère, situé à la rue Belouizdad, à Belcourt, les manifestants ont scandé plusieurs slogans, comme «One, two, three où va l'Algérie ?», ou «Donnez-nous du travail». Toutefois, les forces de l'ordre qui encerclaient le bâtiment sont intervenues pour disperser la foule parfois à coups de matraque, et procéder à l'interpellation de trois manifestants avant de les relâcher. Le Cnddc qui dénonce l'actuelle politique de l'emploi, réclame l'institution d'une allocation chômage égalant 50% du Salaire national minimum garanti. Le porte-parole du comité, Samir Larabi, a critiqué les dispositifs d'aide à l'emploi des jeunes comme l'Ansej et la Cnac. «Nous ne voulons pas devenir des petits patrons, nous exigeons la réhabilitation des entreprises communales et publiques», a-t-il dit. «Ce n'est pas normal qu'on appelle au soutien de l'équipe nationale et que d'un autre côté on ferme les portes aux jeunes», a-t-il ajouté. Les protestataires ont délégué quatre représentants qui ont été reçus par un responsable du ministère pendant plus d'une heure. A leur sortie, ils ont indiqué n'avoir reçu aucune promesse de la part du ministère. «Ils nous ont dit qu'ils vont enregistrer nos doléances et qu'ils vont les transmettre aux responsables.» A noter que le député RCD, Tahar Besbas, est venu soutenir les chômeurs dans leur mouvement, appelant à l'occasion pour une mobilisation citoyenne pour la marche du 12 février prochain. «La marche est maintenue, la volonté du peuple doit s'exprimer», a-t-il déclaré.