Profitant du rassemblement des chômeurs devant le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, un père de famille a tenté, hier, de mettre fin à ses jours en s'immolant par le feu. La liste s'allonge. Un homme, âgé d'une quarantaine d'années, a essayé, hier, de s'immoler par le feu devant le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale à Alger. Son geste vient augmenter le nombre effarent (plus d'une dizaine) de suicides similaires en Algérie dont trois cas ont été enregistrés rien que pour la journée d'hier. Profitant du brouhaha du sit-in, initié par le Comité national pour la défense des droits des chômeurs, l'homme s'est faufilé, au milieu des manifestants et devant un parterre de journalistes, pour tenter de s'immoler par le feu. Il était 12h45, lorsqu'un cri de ras-le-bol s'élève. “Plus besoin de vivre !”, hurlait-il. En une fraction de seconde, il s'est aspergé le corps d'un liquide inflammable avant de déclencher l'étincelle du briquet qu'il avait à la main. Soudain, un journaliste présent s'est jeté sur lui en le faisant tomber par terre afin de lui arracher le briquet. Désespéré, l'homme en question a tenté de reprendre le briquet afin d'allumer le feu, mais il a été vite maîtrisé par un élément de la police. Eloignée, la victime, qui avait du mal à ouvrir les yeux à cause du liquide avec lequel elle s'est aspergée, ne cessait de crier “laissez-moi mourir ! Je n'ai plus aucune raison de vivre !” En faisant ce geste, ce père de famille, agent d'entretien à NetCom, a un contrat de travail en CDD depuis des années. Marié et père de trois enfants, il dit être incapable de subvenir aux besoins de sa famille avec un salaire qui n'atteint même pas le SNMG (5 000 DA). Fils de moudjahid, originaire de Khemis Miliana, wilaya de Aïn Defla, la victime travaille quatre jours par semaine à Alger et ne bénéficie même pas de logement social. “Ma famille est installée dans un taudis à Miliana et moi j'ai choisi d'être SDF dans la capitale pour ne pas dépenser mon pseudo salaire”, raconte-t-il. Entouré des éléments de la Sûreté nationale qui ont tenté de le clamer, la victime n'a cessé de dénoncer la pénurie d'emplois, la crise du logement, l'injustice et les mauvaises conditions de vie dans le pays. “Je ne sais plus quoi faire, j'ai écrit des courriers aux autorités concernées notamment la wilaya mais en vain”, s'indigne-t-il. Quelques minutes après, la victime s'est fait conduire à l'intérieur du ministère du Travail où une ambulance l'a conduite à l'hôpital. Ce geste a soufflé un vent de colère au sein des manifestants qui se sont indignés en dénonçant le silence des pouvoirs publics face à ce phénomène qui prend de l'ampleur dans le pays. “C'est la société entière qui est interpellée à travers ce geste”, ont-ils déclaré. Par ailleurs, à Tlemcen, un agent communal âgé de 48 ans, précédemment employé à la commune de Maghnia, a tenté hier de s'immoler par le feu au siège du cabinet du wali pour attirer l'attention des autorités locales sur le refus des services de la Fonction publique de le réintégrer dans son poste après son licenciement. Au moment où il commença à s'asperger d'essence contenue dans une bouteille dissimulée dans ses affaires, l'agent communal fut rapidement maîtrisé par les services de sécurité avant l'arrivée de la Protection civile. C'est la première fois qu'une telle tentative est enregistrée dans la région de Tlemcen jusque-là épargnée par ce genre de suicide. À Annaba, un homme de 30 ans, employé dans une boutique de confection de clés minute à Berrahal (Annaba), a tenté de mettre fin à ses jours, hier, en face du siège de l'APC de cette localité, en s'aspergeant du diluant avant d'être empêché par des citoyens d'y mettre le feu. Exclu de la liste des bénéficiaires de logements sociaux arrêtée pour cette commune, Sabri M., qui est fiancé depuis des années, a-t-on appris, a voulu par son geste désespéré dénoncer ce qu'il a qualifié de népotisme dans l'étude des demandes de logements par les autorités locales. Il avait commencé par se mettre torse nu et de s'enchaîner à la grille de l'édifice public et s'est ensuite aspergé du liquide inflammable en criant sa rancœur. Des citoyens, qui étaient témoins de la scène, ont accouru et réussi à le maîtriser à temps. Les éléments de la Protection civile ainsi que des agents de l'ordre ont ensuite pris en charge le malheureux jeune homme et l'ont raccompagné chez lui après l'avoir réconforté.