Photo : Slimene S.A. Des dizaines de jeunes chômeurs, venus de différentes régions du pays, ont observé, hier, un sit-in devant le ministère du Travail, à l'appel du Comité national pour la défense des droits des chômeurs. Les sans-emploi présents sur les lieux, majoritairement des diplômés universitaires, plaident pour une politique d'emploi appropriée mais surtout transparente. Samir Larabi, délégué du Comité, a pris la parole devant la foule assemblée pour exprimer le ras-le-bol des sans-emploi. «Il y a parmi nous ici des diplômés qui sont à la recherche d'un travail depuis plus de dix ans. La politique de recrutement suivie dans les entreprises n'est pas claire et ne se réfère à aucun critère. Il y a des travailleurs licenciés de leur poste après des années d'exercice et d'autres régularisés en moins de trois mois après leur embauche. Les relations de travail ne sont pas respectées dans la majorité des entreprises». Ils sont, en effet, plusieurs jeunes venus d'Adrar, de Ouargla, Laghouat, Bejaia, Tizi Ouzou et de Skikda, exprimer la dure réalité à laquelle ils sont confrontés. «Il y a des mécanismes d'emploi décidés au niveau central, mais, au plan local, la réalité est autre. Nous sommes livrés à nous-mêmes», souligne un jeune chômeur, de la wilaya d'Adrar, licencié en sciences juridiques et administratives. Il exhibe, pour illustrer ses maintes tentatives d'avoir un poste de travail, une vingtaine d'accusés de réception, témoignant des demandes d'emploi qu'il a adressées aux différentes entreprises. «La préparation de chaque dossier me coûte, au minimum, 5000 dinars». Un autre chômeur de la région d'Aflou (Laghouat) montre une liste de 765 diplômés universitaires qui sont à la recherche d'un emploi. «La plupart d'entre nous bricolent comme manœuvres dans des chantiers», confie-t-il. Kamel, de la wilaya de Ouargla, diplômé en sciences politiques et relations internationales, déplore, lui, la non-reconnaissance de certains diplômes universitaires par la Fonction publique. D'autres jeunes chômeurs de la même wilaya pointent du doigt les agences de sous-traitance qui sont, s'accordent-ils à dire, à l'origine de tous leurs maux. « Je travaille dans une société de gardiennage comme contractuel avec un salaire de 13 000 DA, alors que le propriétaire de l'agence perçoit 13 millions de centimes/mois sur mon dos. C'est de l'esclavagisme pur et simple. Je me demande où sont les lois et la réglementation dans tout ça ? Venez là-bas faire des enquêtes sur ces dépassements», indique un jeune à l'adresse de journalistes. TENTATIVE DE SUICIDE AVORTEE La politique du préemploi ne semble pas du goût de la majorité des manifestants puisque «à la fin de la période du préemploi, on revient à la case départ, pour devenir, de nouveau, chômeur», confie-t-on. Les membres du Comité ont été reçus, peu après, par des responsables du ministère. A la sortie de la réunion, le porte-parole du Comité indique que « les directeurs centraux du ministère ont reconnu la légitimité des revendications et promettent des actions plus efficaces ». Cependant, le fait le plus marquant durant tout le rassemblement, est celui d'un agent de Net-com qui a tenté de s'immoler devant le ministère. Le pire aurait pu se produire n'était le réflexe «naturel» des présents sur les lieux qui l'ont empêché de commettre l'irréparable. L'agent en question, la quarantaine passée, un employé de Net-com à Khemis Meliana (Aïn Defla), père de famille, perçoit, dit-il, un salaire de 6 000 DA. Notons enfin qu'aucun affrontement n'a eu lieu avec les forces de l'ordre déployées devant le portail du ministère et que les manifestants se sont dispersés dans le calme.