Résumé de la 5e partie n Fatima répète à qui veut l'entendre qu'elle ne se mariera pas et qu'elle continuera à attendre Ahmed, son fiancé, parti il y a vingt ans. Quelques mois après, Fatima se rend chez le dentiste pour des soins. Dans la salle d'attente, elle entend des femmes des villages voisins bavarder. Comme elle ne connaît personne, elle se tient à l'écart. — Tu connais Dahbia, du village de L. ? demande l'une des femmes aux autres. Les unes la connaissent et d'autres pas. Fatima, elle, écoute d'une oreille intéressée : elle connaît bien le village de L. ; c'est celui de l'homme qui l'a abandonnée et le nom de Dahbia lui dit quelque chose. Une femme demande : — Elle est morte, la vieille Dahbia ? Une autre ajoute : — Il paraît qu'elle est très malade ! Une autre donne une précision. — Il paraît qu'elle est paralysée depuis cinq ans ! La première répond : — Elle n'est pas encore morte… Au contraire, elle revit ! — Comment cela ? — Eh bien, son fils qui est parti il y a vingt ans et qui n'a pas donné signe de vie, refait surface ! Oui, il est revenu, vingt ans après ! Fatima manque de se trouver mal : il s'agit bien de son «fiancé», Ahmed ! Et elle se rappelle, maintenant, que sa mère s'appelle effectivement Dahbia. Elle ouvre la bouche pour poser une question. Mais une femme la devance. — Qu'entends-tu par donner signe de vie ? — Eh bien un de ses cousins l'a rencontré… Il lui a dit dans quel état était sa mère… Il a, paraît-il, décidé de venir la voir. La pauvre, elle n'arrête pas de penser à lui, depuis si longtemps… — D'ailleurs, si elle est malade, aujourd'hui, c'est à force de penser à lui. Il n'y a pas que sa mère qui pense à lui, se dit Fatima… Elle aussi pense à lui et depuis vingt ans ! Elle aussi l'attend et depuis vingt ans ! elle est prise de vertige : l'attente, la longue attente, va-t-elle enfin prendre fin ? L'homme qu'elle aime et qu'elle n'a pas cessé d'aimer depuis vingt ans, va-t-il enfin lui revenir ? Comme elle a bien fait de ne pas se marier, de lui rester fidèle car elle est persuadée que si Ahmed revenait, il l'épouserait et l'emmènerait avec lui ! La porte du cabinet dentaire s'ouvre. L'infirmière s'adresse à Fatima : — Venez, c'est votre tour ! Elle sursaute. — Mon tour ? — Oui … Elle se lève et entre dans le cabinet. Quand elle en sort, elle ne veut pas partir. — J'attends quelqu'un, dit-elle aux clientes, étonnées de la voir reprendre place. Mais les femmes ont changé de sujet : elles ne parlent plus de Dahbia et de son fils, mais Fatima a tout son temps. (A suivre...)