La servante a posé le plat devant les hôtes de sa maîtresse. Hammad s'aperçoit qu'il n'y a pas de viande. «Quoi ! s'exclame-t-il, on nous sert du couscous et on ne nous donne pas de viande. Voilà une bien curieuse façon de recevoir des hôtes ! — Mange, dit Bouamrane, ne fais pas attention à ce détail». Lui a compris le sens des propos de 'Arba : la neige dans la montagne, c'est le couscous à la surface, la rigueur, c'est la viande qui doit se trouver en dessous, toute chaude. Tandis que Hammad mange à la surface, Bouamrane plonge sa cuiller au fond du plat, retire la viande et mange. «Nous avons fini, dit-il à la servante. Emporte le plat et remercie pour nous ta maîtresse». La servante s'en va avec le plat. «Qui a mangé de ce côté-là ? demande 'Arba, et qui a mangé de ce côté-ci ? — Là, c'est Bouamrane, et là, c'est Hammad !» La jeune femme soupire : c'est Hammad, qui lui plaît, parce qu'il est le plus beau, mais c'est Bouamrane qui est intelligent ! Si les deux hommes lui demandent sa main, qui choisirait-elle ? «Va, dit-elle, à sa servante, dis-leur qu'il est tard et qu'ils vont passer la nuit ici. Conduis-les dans la vieille maison et dis-leur qu'ils vont passer la nuit-là ! Tout à l'heure, je leur ferai envoyer leur repas !»