Opinion n Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) Farouk Ksentini, appelle la coordination pour le changement et la démocratie à dialoguer avec le gouvernement. Concernant les dernières mesures prises par le président de la République au Conseil des ministres sur la levée de l'état d'urgence, M. Ksentini qui intervenait, jeudi, sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale, a affirmé : «Les conditions sécuritaires se sont nettement améliorées ces derniers temps comparativement aux années précédentes où le terrorisme sévissait. Aujourd'hui, après 19 ans de lutte et surtout après la réconciliation nationale nous avons pu combattre définitivement ce phénomène.» A partir de ce constat, Ksentini a estimé : «Les conditions sécuritaires permettent la levée de l'état d'urgence. L'Algérie peut passer à une nouvelle étape pour mieux consolider la démocratie.» Autrement dit : «Il y a une volonté politique claire du gouvernement pour l'exercice des libertés démocratiques dans notre pays». A la question de savoir quand et comment sera levé l'état d'urgence, l'hôte de la radio a répondu que cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Mais d'abord, il a ajouté qu'il faudrait procéder à «la préparation d'un décret, conformément à la Constitution, afin de pouvoir appliquer cette mesure dans les meilleurs délais». Avec la levée de l'état d'urgence, d'autres mesures complémentaires peuvent être prises dans le cadre du code pénal ou la promulgation d'une loi relative à la lutte contre le terrorisme en vue de permettre aux forces de sécurité de lutter avec «plus d'efficacité» contre ce fléau, a-t-il dit mettant en avant la nécessité de faire confiance au législateur algérien et éviter tout jugement hâtif. Interrogé ensuite sur le maintien de l'interdiction des marches à Alger même une fois l'état d'urgence levé, M. Ksentini estime que les raisons de cette décision sont purement sécuritaires. «Les conditions sécuritaires à Alger sont plus difficiles à maîtriser par rapport à d'autres villes du pays. Peut-être à l'avenir le gouvernement autorisera des marches dans la capitale.» Evoquant la marche d'aujourd'hui, samedi, initiée par la Coordination pour le changement et la démocratie, M. Ksentini a déclaré : «Ces partis qui veulent manifester sont libres, mais je leur suggère d'aller vers le dialogue qui est le seul moyen d'exprimer ses revendications. Je ne dis pas que les revendications de la coordination ne sont pas légitimes mais ce genre de marche peut générer la violence et, surtout, des dérapages, ce qui pourrait porter atteinte à l'ordre public. Un attentat à Alger lors d'une marche peut faire des dégâts considérables.» Concernant l'ouverture d'un dialogue entre le gouvernement et les autorités locales, M. Ksentini a précisé que le rôle de la commission consiste uniquement à transmettre au président de la République des rapports et des suggestions liés aux conditions sociales de la population. «Nos prérogatives sont limitées», a-t-il argué. «Nous insistons pour ouvrir un dialogue spécial avec la jeunesse», a-t-il conclu cependant.