Enthousiasme Coordinateur du Collectif 33 Tours Intedj, une boîte de production ?uvrant à mettre en scène de jeunes formations musicales à travers le festival Bledstock, Réda Chikhi est optimiste quant au devenir de la musique algérienne. Il pense que le paysage musical ne cesse de connaître un foisonnement enrichissant, en s?ouvrant sur d?autres expressions musicales, tout en restant ancré dans le terroir, l?authentique. Il se prononce en ces termes : «Ces dernières années ont été très prolifiques. L?Algérie s?est de plus en plus ouverte. En cinq ans, on a vu venir de grandes formations chanter en Algérie. On a assisté à de vrais spectacles. Le marché de l?édition et de la distribution commence plus ou moins à se réguler. Les instances de contrôle et de régulation commencent à faire leur travail. Les maisons de disques commencent à faire des produits qui répondent à des qualités. Le paysage industriel de l?édition musicale s?est amélioré. Il y a un foisonnement et une prolifération d?initiatives en rapport avec la musique, bonne et mauvaise. La décantation se fera plus tard. Il faut juste espérer que le cadre légal et juridique continue à progresser. On a vu les nouveaux décrets et lois qui ont été proposés cet été, concernant le statut de l?artiste, l?environnement et les conditions de travail, les droits d?auteur. Il s?est même passé le phénomène inverse : les artistes algériens qui ont eu des carrières florissantes à l?étranger et qui sont sur le déclin reviennent conquérir le public en Algérie, parce qu?ils n?ont plus d?impact et d?audience là-bas. Je ne dis pas que c?est une politique de repli, mais cela veut dire que les gens ont compris qu?il y avait un marché à prendre ici, même si c?est sur le tard. Et cela veut dire aussi que le retour de ces artistes internationaux rajoute au foisonnement des activités musicales, ces dernières années. Djamel Laroussi vient de sortir son album ici avant de le faire là-bas, pareil pour Mohamed Réda. Cheb Mami est plus souvent en Algérie, pour ne parler que des plus connus. Si on fait un constat sur cinq ans, il s?est passé de belles choses. On risque toutefois de perdre ce capital si ce n?est pas soutenu, si on ne met pas en place un vrai système de fonctionnement. Il faut que s?arrêtent les opérations sporadiques pour céder la place à des actions continues et régulières avec un soubassement et une ossature qui répondent à un vrai projet de société dans sa dimension artistique et culturelle. Les groupes qui m?intéressent sont ceux qui arrivent justement à mêler une substance imprégnée de tout ce que nous sommes : Africain, Maghrébin, Méditerranéen, Berbère? et ce que nous avons été. Nous sommes le résultat de ce que nous avons reçu, ce qu?on a nous légué. Aujourd?hui, les jeunes talents les plus intelligents et les plus créatifs sont ceux qui se réclament de ce legs et continuent le travail en développant de nouvelles formes esthétiques pour améliorer un peu le paysage musical. Ce sont ceux qui récupèrent ces substances qui font notre authenticité et qui l?inscrivent dans un discours qui se veut universel. Ils ont parfaitement compris cette alliance entre la substance, le noyau d?un message et la manière de le présenter.»