Le prétendu fils du domestique, qui est, en fait, le vrai fils de Bouamrane, raconte : «Il a vu un champ de blé et il a dit que son propriétaire l'a mangé ! Or le blé était là, bien vert ! Nous avons ensuite rencontré un troupeau de brebis et il a dit qu'il est perdu, alors qu'un berger le guidait ! Enfin on a vu un tombeau qu'on venait de construire, il a demandé si la personne qui s'y trouvait était morte ou vivante.» Le cadi regarde le jeune homme taxé de fou et lui demande : «Comment expliques-tu ces propos étranges ? – Sidi el cadi, dit-il, le champ de blé que nous avons vu est bien vert mais je considère que son propriétaire l'a déjà mangé s'il a contracté des dettes ! – Et le troupeau perdu alors qu'il a un berger ? – C'est qu'il n'y avait que des brebis, pas de bélier, donc pas de reproduction…Or si elles ne se reproduisent pas, les brebis finiront par disparaître ! – Et le tombeau ? Comment peux-tu dire que la personne qui s'y trouve est vivante ou morte ? – Elle est morte si on l'oublie tandis que si on se la rappelle, elle est toujours vivante dans l'esprit et les souvenirs des gens !» Le cadi hoche la tête et dit à Bouamrane : «Tu as raison, c'est celui-ci ton fils, il tient de toi, prends-le donc.» Bouamrane récupère donc son fils et rentre chez lui.