Réponse n La libération de ces détenus était l'une des revendications de l'opposition, qui prévoit aujourd'hui, mardi, une démonstration de force, avec une grande marche à Manama. Le roi Hamad Ben Aïssa Al-Khalifa a ordonné de libérer des prisonniers chiites et de surseoir aux poursuites judiciaires contre d'autres prisonniers politiques, selon l'agence officielle BNA. Un responsable de l'opposition chiite a indiqué s'attendre à ce que cette libération touche un groupe de 25 militants chiites, jugés depuis octobre pour des actes de terrorisme. «Cette mesure répond à l'une des demandes faites au prince héritier», dans la perspective d'une reprise du dialogue avec l'opposition, a déclaré un élu du Wefaq, le principal mouvement chiite, Abdel Jalil Khalil Ibrahim. Un peu plus tôt, le royaume a annoncé ne pas pouvoir, en raison des troubles, accueillir le Grand Prix de Sakhir, prévu le 13 mars, et qui devait marquer le début de la saison de Formule 1. Parallèlement, des milliers de Bahreïnis ont défilé hier soir à Manama pour clamer leur soutien au gouvernement dominé par la famille royale sunnite et dont la démission est demandée par des protestataires chiites. «Nous affirmons notre attachement à la légitimité du régime actuel (...) La stabilité du pays est une priorité absolue qui ne se prête à aucun marchandage», a déclaré le président du nouveau groupe, le «Rassemblement de l'Unité nationale», cheikh Abdellatif Mahmoud Al-Mahmoud. Le groupe réclame que les responsables de la mort de manifestants «rendent compte» de leurs actes, invite le gouvernement à «libérer tous les prisonniers d'opinion», tout en prônant «l'apaisement et l'amorce d'un dialogue national». En milieu de journée, l'opposition chiite a annoncé la mort d'un jeune manifestant, blessé vendredi par les tirs de l'armée, ce qui porte à sept le nombre des morts depuis le début des manifestations le 14 février. L'opposition, qui mobilisait ses militants en vue de la marche de mardi, attend «jusqu'à 100 000 participants», a déclaré Abdel Jalil Khalil Ibrahim. «Nous sommes prêts au dialogue (...). Mais il faut une plateforme pour que ce dialogue soit fructueux», avait-il dit avant l'annonce du roi, réclamant, entre autres, «la démission du gouvernement qui n'a pas protégé son peuple». Parmi les militants chiites qui pourraient être concernés par la décision du roi, l'opposant Hassan Machaïmaâ, jugé par contumace pour terrorisme, a annoncé de Londres son intention de regagner le pays mardi. Au contraire des manifestants toujours rassemblés sur la place de la Perle à Manama, qui exigent désormais la fin du règne de la dynastie des Al-Khalifa, l'opposition assure ne pas vouloir un changement de régime, mais l'instauration d'une monarchie constitutionnelle. Le prince héritier de Bahreïn s'est engagé hier soir à des «réformes réelles, et non de façade». «Ce qui est nécessaire aujourd'hui, c'est de resserrer les rangs de nos communautés, qu'elles soient sunnites ou chiites», a-t-il encore dit.