Dans un discours au ton belliqueux, Kadhafi a affirmé qu'il resterait en Libye en tant que chef de la Révolution. Il a déclaré ouvertement sa volonté de frapper son propre peuple. Le ministre libyen de l'Intérieur, Abdel Fatah Younes, a déclaré qu'il se ralliait à la cause du peuple, selon des images diffusées hier soir par la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazira. «J'annonce ma démission de toutes mes fonctions en réponse à la révolution», a déclaré le ministre vêtu d'un uniforme militaire, assis à un bureau, sur des images diffusées par la chaîne de télévision. Il a affirmé, en outre, sa «conviction totale par rapport à la sincérité des exigences du peuple libyen». «J'appelle toutes les forces armées à répondre aussi aux demandes du peuple en solidarité avec la révolution», a-t-il poursuivi. Plusieurs dirigeants, ministres, diplomates ou militaires libyens ont déjà démissionné ou fait défection au régime du colonel Kadhafi pour marquer leur opposition à la répression sanglante face au mouvement de contestation, entamé le 15 février. C'est le cas du ministre de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, qui a démissionné lundi pour protester contre l'usage excessif de la force contre les manifestants. De son côté, le représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue arabe, Abdel Moneim Al-Honi, a annoncé qu'il démissionnait pour rejoindre «la révolution» et protester «contre les actes de répression et de violence». Il représentait la Libye auprès de l'organisation panarabe depuis plus de dix ans. C'est également le cas de plusieurs diplomates libyens en poste à l'étranger, mais aussi des pilotes de deux Mirage F1, qui ont atterri à Malte, en affirmant avoir fait défection après avoir reçu l'ordre de tirer sur les manifestants à Benghazi. Par ailleurs, des membres de l'équipe diplomatique libyenne, emmenée par l'ambassadeur adjoint de la Libye à l'ONU, Ibrahim Dabbashi, ont exhorté l'armée libyenne à renverser Mouammar Kadhafi, un «tyran», qu'ils accusent de «génocide». De l'autre côté de l'Atlantique, aux Etats-Unis, l'ambassadeur Ali Aujali a annoncé qu'il refusait de servir «une dictature» et appelé au départ de Mouammar Kadhafi. En France, les ambassadeurs à Paris et auprès de l'Unesco ont appelé «à l'arrêt de la terreur», mais annoncé qu'ils restaient à leur poste «pour servir le peuple libre de Libye». En Indonésie, l'ambassadeur de Libye Salaheddin M. El-Bishari, a annoncé sa démission, car il ne peut «tolérer» que des civils soient tués par le régime de Mouammar Kadhafi, a-t-on appris ce matin, mercredi, de source officielle. En plus de tous ces responsables démissionnaires, plusieurs autres ambassadeurs et diplomates en poste en Inde, Australie, Malaisie, Chine et Maroc ont rompu les liens avec le régime.