Résumé de la 2e partie «Le muet» lui rappelant étrangement quelqu?un, Zohra replonge dans ses souvenirs remontant, jusqu?au jour où Rezzag la demande en mariage. La vieille Zohra rentre la tête entre ses épaules, comme si elle allait s?affaisser sous un poids trop lourd pour elle. D?un revers de la main, elle chasse ses souvenirs et se lève lentement, suivie de ses amies et, appuyée sur sa canne, elle déambule à petits pas le long des allées du parc jusqu?à l?heure du déjeuner annoncé par une clochette suspendue au-dessus du réfectoire. «Je suis sûr que c?est elle, se dit le vieux Mosbah, c?est Zohra, ma Zohra ! Mais par quel mauvais coup du sort est-elle arrivée là ? C?est elle? D?ailleurs, elle a le même prénom... Et ces yeux? Bien sûr, elle a vieilli, mais je n?oublierai jamais ses yeux ! C?est elle, j?en suis sûr !» Depuis la table où il est assis, dominant de sa haute taille légèrement penchée en avant tous les autres vieillards, Mosbah épie, sans en avoir l?air, la vieille Zohra assise entre ses deux amies. Dans cette vieille dame au teint de lait, au visage fripé par les ans, il revoit son amour de jeunesse, Zohra qu?il n?a jamais pu oublier, Zohra que son père n?a pas voulu lui donner et qu?il a «vendue» à un riche propriétaire terrien... «Elle ne m?a pas reconnu, mais moi je suis capable de la retrouver entre toutes les femmes de la terre...» Et Mosbah reprend son air bourru, jouant avec sa cuillère, laissant sa chorba refroidir... «Mais pourquoi a-t-elle refusé de me suivre quand je lui ai demandé de fuir avec moi en Italie, chez mon frère Ali, (que Dieu ait son âme) ? Pourquoi ? Pourquoi ?» Cette question, le vieillard se l?est posée tout au long de sa vie de célibataire endurci, vivant du souvenir de sa bien-aimée, jurant que jamais personne ne prendrait sa place dans son c?ur... «Elle ne m?a pas reconnu, car ici on m?appelle par mon prénom, alors qu?avant on me surnommait ?Rezzag?, celui qui apporte la richesse... Mes malheureux parents sont morts pauvres, surtout après mon départ... Que Dieu me pardonne, mais j?étais tellement blessé et puis j?étais si jeune !» Ce sont les excuses que le vieillard se donne pour avoir tout laissé derrière lui, tournant le dos à son passé et même à ses propres parents. Pendant les journées qui suivent, les deux vieillards se regardent de loin, s?épient. Puis, n?y tenant plus, le vieux Mosbah décide enfin d?aborder Zohra et de lui pardonner sa trahison. (à suivre...)