Résumé de la 1re partie Tout le monde est curieux de savoir ce que Aïssa «Le muet» voulait dire en parlant de l?attente derrière le chêne. Fatiguée, la vieille Zohra le suit des yeux. Sa haute silhouette légèrement courbée lui rappelle un vague souvenir. «Quel homme étrange, ?Le muet?? Parfois, son regard et son allure me rappellent quelqu?un que j?ai connu autrefois, mais ma mémoire me fait défaut.» Et les jours s?écoulent lentement, très lentement, dans l?hospice aux murs fraîchement repeints, mais qui semble si froid à ses pensionnaires coupés de leurs racines. Parfois, l?un d?eux entame le récit de vieux souvenirs avec des détails d?une telle précision que l?on reste stupéfaits, quand on s?aperçoit qu?il ne se rappelle plus ce qu?il a mangé la veille au dîner. Maintenant, en regardant «Le muet», Zohra se remémore le passé. «Comme il lui ressemble, songe-t-elle. C?est la même silhouette, mais ce n?est pas le même visage. D?ailleurs, que viendrait-il faire ici ? Peut-être est-il mort et enterré... Je pense, s?il est encore vivant, qu?il est entouré de ses petits-enfants, en Italie? ya hassra !» Et Zohra laisse errer son regard sur le parc boisé, bordé d?une haute palissade grillagée à travers laquelle on aperçoit la route, les voitures, les passants, comme dans un autre monde? Elle se remémore sa jeunesse, dans son douar, quand elle était une jeune fille pleine de vitalité et d?insouciance. Et aussitôt, elle revoit Rezzag, son unique amour, son beau visage souriant, sa chéchia rouge qu?il portait légèrement de côté, et ses yeux si bons... Elle restait de longues heures à épier sa venue, à travers les interstices des lourds volets de sa maison, tout en vaquant aux durs travaux ménagers. Lui, le soir venu, ou parfois en pleine chaleur de l?après-midi, se faufilait à travers le jardin de son père et, se cachant derrière le gros chêne, la prévenait de sa venue en lançant de temps à autre des petits cailloux contre le vieux mur de pierre qui bordait la maison. Aussitôt, Zohra, se rajustant et resserrant son foulard sur sa tête, sortait, le c?ur battant, portant du linge à étendre au fond du jardin. Et c?est là que, pendant quelques minutes, ils pouvaient se voir et bavarder avec des coups d??il inquiets autour d?eux. C?étaient des instants magiques que les deux amoureux attendaient avec impatience. Jusqu?au jour où, enfin, Rezzag lui annonça : ? La vieille va venir demander ta main, lundi prochain ! Un cri de joie, vite étouffé, répondit à cette déclaration, et Zohra rentra joyeusement dans la grande salle, le visage rayonnant. (à suivre...)