Résumé de la 3e partie Ademar de Baros prépare sa campagne électorale. Il pense que l?affaire du Président va lui permettre de prouver ses qualités de manager. Pour tenter de le dissuader de son projet, José Carlos lui explique au téléphone : «Mais notre expédition est prête ! Elle va partir dans les jours qui viennent. ? Ce sera trop tard, répond noblement Ademar. Je m?étonne que l?armée d?une nation démocratique puisse faire si peu de cas de la vie des malheureux survivants. ? Mais il n?y a pas de survivants. ? Prouvez-le-moi !» Et aussitôt, Ademar, devant la presse et les caméras, signe d?un trait de plume l?achat d?un hélicoptère pour «son» expédition. En fait, il s?agit d?un vieil appareil d?occasion dont les hommes d?affaires ont discuté le prix cruzeiro par cruzeiro. Il fait recruter quinze aventuriers prêts à tout et met à leur tête un conseiller municipal de Sao Paulo, son dévoué lieutenant, parfaitement conscient d?exécuter une opération de propagande. L?expédition dénommée la «Caravane de la solidarité», outre deux avions et l?hélicoptère d?occasion, est surtout dotée d?une mitraillette par homme et de grenades? En prévision des dangereux Indiens. Après la cérémonie triomphale à Rio dans une atmosphère de banderoles et de chansons, puis un petit crochet par le fief politique d?Ademar, l?expédition, d?aérodrome en aérodrome, de fêtes en discours et de discours en vins d?honneur, atteint la forêt où il faut bien, au bout du compte, qu?elle aille vraiment sauter? Le 14 mai, tard, en fin d?après-midi, le lourd hélicoptère de l?expédition officielle de José Carlos survole la forêt vierge et s?immobilise au-dessus du lieu de la catastrophe. José Carlos et les hommes qui l?accompagnent sont arrivés jusque-là sans trop de dégâts. Un homme, tombant de l?hydravion qui les a déposés sur le fleuve, s?est gravement abîmé le pied sur un mollusque. C?est tout. Mais il n?en est pas de même pour la «Caravane de la solidarité» ! Lorsque José Carlos descend de l?hélicoptère, au bout d?un filin, une partie des aventuriers sont déjà là, allant et venant dans les débris de l?épave, depuis le début de l?après-midi. José Carlos trouve parmi eux le «lieutenant» d?Ademar de Baros : un petit homme sec, fanatique et têtu, qui l?accueille avec froideur. Derrière lui se traînent sept hommes aux vêtements en lambeaux, le corps et le visage lacérés par les branchages, épuisés et couverts de sangsues. «Où sont vos autres hommes ? demande José Carlos. ? Ils sont restés dans la clairière où nous avons sauté.» Car c?est là que l?affaire devient vraiment criminelle : lorsque Ademar de Baros s?est aperçu que l?hélicoptère d?occasion était hors d?état de fonctionner et que l?expédition officielle risquait d?arriver sur les lieux de la catastrophe avant la «Caravane de la solidarité», il a donné l?ordre à ses hommes de sauter de l?avion en parachute. Or, ils ont sauté à plusieurs kilomètres de l?épave, sans vivres, sans eau et sans pharmacie. De plus, il y a eu trois blessés dans les arbres, dont un qui mourra des suites de sa blessure. Le «lieutenant» politique a été obligé de laisser cinq hommes pour garder les blessés et tenter d?aménager une piste d?atterrissage, tandis que les autres s?engageaient avec lui dans la forêt marécageuse pour rejoindre l?épave. Leur progression a été atroce. Ils ont dû se frayer un tunnel à coups de machette dans ce mur de végétation épaisse, enfoncés jusqu?aux jarrets dans l?humus, se sentant ou se croyant surveillés par des Indiens invisibles. Ils sont arrivés à l?épave à bout de forces, le visage défiguré par les insectes, sans vivres et sans eau, mais avec des chapelets de grenades à la ceinture, la mitraillette à l?épaule et les nerfs à vif. «Et bien sûr, il n?y a pas de survivants ? demande José Carlos en jetant un regard sur les débris. ? Non? est obligé de reconnaître le lieutenant d?Ademar. ? C?était pourtant évident dès le départ ! On voyait bien que l?avion avait explosé en vol.» (à suivre...)