Avec un nouvel itinéraire, cette fois-ci – Place des Martyrs/Place du 1er-Mai – la marche qu'a voulu organiser le RCD de Saïd Sadi a connu le même sort que les précédentes. Elle a été carrément bloquée par les forces de sécurité, dont le dispositif a été visiblement moins important que celui mobilisé les deux derniers samedis. Un dispositif sécuritaire important a été déployé ce matin au niveau des artères menant vers la place des Martyrs. La grande esplanade de cette place a été minutieusement barricadée par les forces anti-émeutes pour empêcher les manifestants d'y accéder et de faire le moindre pas en avant. En l'absence d'espaces pour se regrouper, les manifestants, environ une centaine, ont été obligés d'occuper les boulevards principaux menant de la Grande-Poste vers la place des Martyrs. Ce qui a provoqué un grand embouteillage au niveau de cet axe routier très fréquenté de jour comme de nuit. Perdant patience, les conducteurs de véhicules ont été obligés de rebrousser chemin. D'autres ont tenté de se frayer un passage pour éviter que leurs véhicules ne soient éventuellement saccagés par des manifestants ou des fauteurs de troubles. Pour libérer la route et permettre la circulation, les forces de l'ordre ont dû repousser parfois violemment les manifestants. Le nombre de ces derniers aujourd'hui a été moins important que celui des marches précédentes. Dès leur arrivée ce matin sur le lieu du rassemblement, le numéro 1 du RCD, Saïd Sadi et le président d'honneur de la Laddh, Ali Yahia Abdennour, ont été malmenés par les éléments de la police. Ces derniers ont finalement réussi à les mettre à l'écart pour les isoler des manifestants. Saïd Sadi et Abdennour Ali Yahia ont été repoussés vers les escaliers menant de la place des Martyrs à la pêcherie. Les forces de l'ordre public n'ont pas matraqué les manifestants mais ont dû à maintes reprises les bousculer brutalement. Ce qui a donné lieu à quelques échauffourées entre policiers et manifestants. A l'heure où nous mettons sous presse, aucun blessé n'est à déplorer ni d'un côté ni de l'autre. Une contre-marche de pro-Bouteflika Les «pro-Bouteflika» ont tenu leur rassemblement à part. Ils sont apparus, munis de portraits du chef de l'Etat. Ils scandaient son nom et brandissaient une pancarte en arabe : «Les Algériens sont pro-Bouteflika, ils ne veulent pas de la Coordination des avides.» La police placée entre les deux camps a empêché tout affrontement, même si les partisans de Bouteflika ont provoqué verbalement les manifestants. Ils ont dit Saïd Sadi : «Ceux qui croient avec Mehri que le changement va venir du système sont libres de le croire. Mais à notre avis, il faut aller de l'avant jusqu'à une transition. Aujourd'hui, c'est la première mise à l'épreuve de la levée de l'état d'urgence.» Le président du RCD a ajouté que «des milliers de manifestants étaient bloqués à Bab Azzoun». A la place des Martyrs, point de départ de la marche, Saïd Sadi a tenté à deux reprises d'escalader le 4x4 de la police. Il en a été empêché de force par les éléments de la sécurité nationale, puis jeté à terre. Ali Yahia Abdennour : «Le mouvement de la protestation appartient à tout le peuple algérien», a répondu Ali Yahia Abdennour à InfoSoir. Interrogé sur la levée d'état d'urgence, il a répondu : «Je me permets de dire fermement que l'état d'urgence n'a pas été levé. Pour preuve, l'interdiction de la marche et la répression policière.» Quant aux actions futures, Ali Yahia Abdennour annonce : «Nous allons organiser d'autres mouvements de protestation à travers toutes les wilayas.»