Psychose n Des Libyens terrés chez eux à Tripoli où des miliciens pro-Kadhafi patrouillent dans la rue, des mercenaires héliportés à Misrata, la 3e ville du pays, l'Est aux mains de l'opposition : le face-à-face perdure en Libye. Seuls circulaient, à bord de 4X4, des miliciens armés loyaux au colonel Kadhafi, au lendemain de tirs contre des manifestants dont six au moins ont péri, selon un témoin. Les habitants s'aventurent parfois dans les rues pour acheter du pain ou se rendre dans les stations-service. «A part cela, les gens sont terrés chez eux», a-t-il dit. Les hôtels de luxe ont fermé ou ont évacué leur personnel. Après le discours de M. Kadhafi, la veille à Tripoli, appelant ses partisans à s'armer pour attaquer les opposants, «des rumeurs avaient circulé sur une attaque possible des hommes du leader libyen», selon ce témoin, qui dit être en contact avec d'autres Libyens dans plusieurs villes du pays. «Mais la nuit a été calme, des partisans armés du guide tapaient simplement aux portes dans certains quartiers pour dire aux gens de rester chez eux», a-t-il dit, précisant que des chars sont déployés sur les routes conduisant à Tripoli et en contrôlent l'accès. «A 120 km à l'ouest de la capitale, la situation est toujours tendue à Zouara. Les forces pro-Kadhafi, qui ont disparu des rues, encerclent la cité», a-t-il indiqué. Jeudi, des témoins fuyant la ville avaient indiqué que Zouara était aux mains des insurgés. A l'est de Tripoli, des «mercenaires» à la solde du régime ont été héliportés à Misrata (150 km de Tripoli), où ils ont ouvert le feu hier sur le bâtiment de la radio locale et sur des manifestants se rendant aux funérailles de victimes des combats de ces derniers jours, selon un habitant, partisan de l'opposition, joint par téléphone. Lorsque les hommes des milices de Mouammar Kadhafi ont fui Benghazi, ils se sont dirigés vers l'ouest. Mais arrivés à Brega, ils se sont heurtés à la population sur le qui-vive. Les membres des milices pro-Kadhafi ont tenté de forcer le passage aux points de contrôle, mais les habitants de Brega, une petite ville située à 200 km à l'ouest de Benghazi, ont réussi à les capturer. La population de Brega attend à présent de pied ferme l'arrivée d'autres miliciens. Deux jeunes gens montent la garde à un point de contrôle près de l'entrée d'une grande installation pétrolière. Othman al-Baga, 26 ans, sans emploi, raconte que les habitants ont appris que des miliciens avaient l'intention de gagner Brega à partir de Ras Lanouf, située à une centaine de kilomètres à l'ouest. «Ils peuvent venir à n'importe quel moment», déclare le père d'un des jeunes gens, appuyé sur une mitrailleuse saisie chez les miliciens. «Nous les tuerons. Ce n'est pas un problème si nous mourons. Ce qui est important, c'est que nous ne voulons pas que Kadhafi revienne», conclue-t-il.