Si la Kabylie connaît Bouamrane, le sud algérien connaît Bent El-Khass. A Biskra comme à Tolga, à Laghouat, à El-Oued, même si le personnage n'est pas toujours très connu, on cite encore ses sentences et on se rappelle quelques épisodes de sa vie. «Comme a dit Bent El-Khass», dit-on, dans la tradition des citations, ou, alors, à l'occasion d'un événement ou pour illustrer un fait, on rappelle une anecdote dont bent Al-Khass est l'héroïne. Les personnes les plus informées rattachent Bent El-Khass aux Banu Hillal : les tribus arabes qui envahirent le Maghreb au XIe siècle et qui arabisèrent de vastes régions, y développant leur mode de vie et y répandant leurs coutumes et leurs mœurs. La littérature arabe cite une certaine Hind Bent al-Khass, célèbre pour sa sagesse. Al-Farazdaq, qui a vécu au VIe siècle de l'ère chrétienne, la cite dans un vers. On a pensé qu'il s'agit de la fille du dernier roi de Hira, al Noaman, mais cette opinion n'est pas admise de tous. La Bent al-Khass dont il s'agit est une femme du peuple, connue pour avoir plaidé devant un juge, Qalmas, dans une affaire l'opposant à sa sœur. Elle remercia le juge dans un vers que l'on cite souvent : «Dieu récompense l'homme bienfaisant, qu'il récompense donc al-Qalmas !»