Résumé de la 1re partie : Le personnage de Bent Al-Khass est connu en Orient. En Algérie, Bent Al-Khass est surtout connue dans les régions du Sud où elle laisse le souvenir d'une femme sage... Certains récits, évoquant la jeunesse de Bent Al-Khass, la montrent aux prises avec sa cousine paternelle qui la jalousait. Le père de l'héroïne était cultivateur, donc sédentaire, alors que celui de la cousine était nomade. Un jour, la fille du nomade lui dit : ?La richesse n'est pas dans les cultures que n'importe qui peut razzier, mais dans les chameaux ! ?Que veux-tu dire par là ? demande Bent Al-Khass ?Que mon père, qui possède un troupeau de chameaux, est plus riche que ton père ! La jeune femme va retrouver son père et lui dit : ?Ta cousine se trompe ! La richesse est dans la terre, car quand elle donne de bonnes cultures, elle permet de tout acheter, y compris les chameaux de ton oncle. Cette année, en effet, la culture du père de Bent Al-Khass est très bonne et, avec l'argent qu'il en tire, il achète les chameaux de son frère ! Le père lance alors cette sentence : «Zzbel, ihebbel, ida dja, idjibek u idjib al 'ibel» (Le fumier, c'est-à-dire la terre, rend fou, s'il vient, il t'emporte et emporte tes chameaux ! ). On attribue aussi cette sentence à Bent Al-Khass. Une autre fois, la cousine lui dit : ?Mon père est un brave, chaque jour il tue dix hommes. Ton père, lui, est occupé par ses cultures, il ne fait rien de cela ! La jeune femme rapporte ces propos à son père qui l'incite à se montrer patiente. Peu après, en effet, cinquante cavaliers se présentent à la maison et demandent l'hospitalité pour la nuit. Le père la leur accorde et, après leur avoir offert à dîner, il leur fait préparer des couches et dès qu'ils s'endorment, il prend leurs épées (dans certaines versions il est question, par anachronisme, de fusils), les remet à sa fille et lui dit : ?Va les montrer à ta cousine et dis-lui : si ton père tue dix hommes par jour, le mien en tue cinquante ! Bent Al-Khass est longtemps restée célibataire, renvoyant les prétendants. Et quand elle a décidé enfin de se marier, elle a honte de le dire à son père. Un jour, alors qu'elle se trouve avec lui dans un champ d'orge, elle lui montre les épis encore verts, mais qui promettent une belle récolte. ?C'est le printemps, dit le père, la terre a été arrosée d?eau, l?orge fleurit ! ?Oui, dit la jeune femme, la terre a passé la nuit avec son étalon ! (al ardh batet m 'â fh?el-ha !) Le père comprend alors que sa fille accepte de se marier. Il ne chasse donc pas les prétendants et la jeune femme en choisit un. La tradition n'a pas conservé le souvenir de ce mari, en revanche on attribue à Bent Al-Khass un fils que certains récits mettent en scène. (à suivre...)