Résumé de la 5e partie Bent Al-Khass a la réputation d?une femme sage qui sait se tirer et tirer les gens de situations difficiles. Certains récits font même d?elle la reine de la tribu, sur laquelle elle règne. Son père, devenu trop vieux pour commander, lui confie le pouvoir. Il avait plusieurs fils mais il a préféré sa fille, connue pour sa sagesse. Le peuple, qui appréciait la jeune femme, lui a fait allégeance. Mais une autre tradition nous apprend que le peuple, refusant d?être régi par une femme, a rejeté la proposition du vieux souverain. ? «Le peuple ne veut pas de toi ! lui dit son père. Il croit que tu ne saurais le gouverner ni le mener à la victoire, en cas de guerre ! ? Tu sais bien que j?en suis capable ! dit la jeune femme. ? Moi, je te crois, mais il faut en convaincre les autres.» La jeune femme, pour montrer sa force et sa capacité de gouverner, fait alors construire une immense séguia qui, dit-on, allait du Sahara algérien à ... La Mecque. Les pèlerins algériens étaient ainsi assurés de ne pas manquer d'eau au cours de leur long voyage ! L'ouvrage émerveille la population, qui accepte alors de se laisser gouverner par Bent Al-Khass. Au XIXe siècle, on montrait encore les ruines de cette séguia ; il s'agissait, probablement, des restes d'un aqueduc remontant à la période romaine. On dit que Bent Al-Khass a fondé plusieurs villes dans le Sud oranais : la plus citée est Al-As'bih', dans la région d'El-Bayadh. La légende nous apprend que Bent Al-Khass a été une souveraine juste, exerçant l'autorité avec sagesse. Un jour, un sultan du Gharb, séduit par sa grande beauté, demande sa main. «Nous unirons nos deux tribus, lui dit-il, et nous formerons un royaume puissant.» Mais la jeune femme lui répond poliment qu?elle ne veut pas se marier. Le sultan, se sentant offensé par ce refus, lui livre aussitôt la guerre. Retranchée dans une forteresse, la jeune femme et sa tribu doivent subir un siège long et épuisant. La nourriture et surtout l'eau viennent à manquer. ? «Tu dois te rendre, lui disent les notables venus la voir en délégation. ? Si j'accepte sa proposition sous la contrainte, il ne manquera pas de nous dominer ! ? Mais si le siège continue, nous allons tous mourir de soif ! ? Faites-moi confiance, dit la jeune femme, je saurai vous débarrasser du tyran ! » Bent Al-Khass demande alors aux femmes de réunir les burnous de leur mari et, avec le peu d'eau qui reste, de les laver. Les hommes, voyant les femmes laver les burnous, s'insurgent contre ce gaspillage d'eau. ? «Quoi ! s'écrient-ils, nous manquons d'eau et vous, vous lavez des burnous. ? C'est Bent Al-Khass qui nous a demandé d?agir ainsi.» Elles étendent, toujours sur ordre de Bent Al-Khass, les burnous sur les murs de la forteresse pour que l'ennemi les voie. Le sultan du Gharb et ses hommes les voient en effet, et ils s'écrient : «Les réserves d'eau de Bent Al-Khass seraient donc abondantes au point qu?elle fait laver les burnous de ses hommes ?» Le jour même, le sultan lève le siège.