«Je n'ai jamais tiré sur mon peuple et la commission d'enquête le montrera», a affirmé le Guide libyen. Dans une interview publiée ce matin par l'hebdomadaire français Le Journal du Dimanche, le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, s'est dit favorable à l'envoi d'une commission d'enquête «des Nations unies ou de l'Union africaine» pour évaluer la situation dans son pays. «Tout d'abord, je voudrais qu'une équipe d'enquête des Nations unies ou de l'Union africaine se rende ici, en Libye. Nous allons permettre à cette commission d'aller voir sur le terrain, sans aucune entrave», affirme-t-il. Il assure que «si la France souhaite coordonner et diriger la commission d'enquête, j'y serai favorable». «La France a de grands intérêts en Libye. Nous avons beaucoup travaillé avec (le Président Nicolas) Sarkozy, nous avons collaboré ensemble dans plusieurs dossiers, plusieurs causes. La France aurait dû être la première à dépêcher une commission d'enquête. J'espère qu'elle changera son attitude à notre égard», a-t-il ajouté. Le colonel décrit à nouveau les jeunes insurgés comme des manipulés qui «ont pris goût à ces pilules hallucinogènes distribuées par des hommes d'Al-Qaîda venus d'Irak, d'Afghanistan ou même d'Algérie et qui pensent que les mitraillettes sont comme une sorte de feu d'artifice». Concernant les violences ayant fait des centaines de morts, il déclare : «Je n'ai jamais tiré sur mon peuple ! Et la commission d'enquête le montrera. Et en Afghanistan ou en Irak, vous ne savez pas que l'armée américaine fait régulièrement des victimes civiles ? Est-ce que l'OTAN en Afghanistan ne tire jamais sur des civils ?» S'adressant aux Occidentaux, et en premier lieu aux Français, le colonel brandit à nouveau les spectres de l'émigration massive et du terrorisme islamique : «Nous vous avons beaucoup aidés ces dernières années. Alors pourquoi, lorsque nous sommes dans un combat contre le terrorisme ici en Libye, on ne vient pas nous aider en retour ?» Il évoque une double évolution au cas où l'Europe le laisserait tomber. «Vous aurez l'immigration, des milliers de gens qui iront envahir l'Europe depuis la Libye. Et il n'y aura plus personne pour les arrêter», dit-il. «Vous aurez Ben Laden à vos portes (...) Il y aura un djihad islamique en face de vous, en Méditerranée. Ils attaqueront la 6e flotte américaine, il y aura des actes de piraterie, ici à vos portes, à 50 km de vos frontières. On reviendra au temps de Barberousse, des pirates, des Ottomans qui imposaient des rançons sur les bateaux. Ce sera vraiment une crise mondiale et une catastrophe pour tout le monde», menace-t-il. Répondant à une question relative à sa fortune personnelle, M. Kadhafi indique qu'il ne possède rien. «Je mets tout le monde au défi de prouver que j'ai un seul dinar à moi ! Ce blocage des avoirs, c'est une piraterie de plus imposée sur l'argent de l'Etat libyen. Ils veulent voler de l'argent à l'Etat libyen et ils mentent en disant que c'est l'argent du Guide ! Là aussi, qu'il y ait une enquête pour montrer à qui appartient cet argent. Moi, je suis tranquille. Je n'ai que cette tente», dit-il. M. Kadhafi répond par l'affirmative à la question de savoir si les trois pilotes d'un hélicoptère néerlandais capturés dimanche dernier à Syrte lors d'une évacuation de deux civils européens sont des prisonniers. «C'est normal, dit-il, nous avons arrêté un hélicoptère néerlandais qui avait atterri en Libye sans aucune autorisation.»