Défis n Le nouveau cabinet doit faire face à une situation économique difficile, organiser un référendum sur une nouvelle Constitution, ainsi que des élections législatives et présidentielle. Le nouveau gouvernement égyptien dirigé par Essam Charaf, purgé de plusieurs figures de l'ère Moubarak, comme l'exigeaient les militants pro-démocratie, a prêté serment hier devant le chef du Conseil suprême des forces armées, le maréchal Hussein Tantaoui. Six ministères ont été renouvelés, dont les trois portefeuilles-clés de l'Intérieur, des Affaires étrangères, déjà pourvus dimanche, et de la Justice. Nabil Al-Arabi, un diplomate de carrière, remplace Ahmed Aboul Gheit, un baron de l'équipe du Président déchu, à la tête de la diplomatie. Le général Mansour Al-Issaoui a été nommé à l'Intérieur en remplacement de Mahmoud Wagdi, et l'ancien procureur général Mohammed El-Guendi à la Justice. Le ministère du Pétrole va à Abdallah Ghorab, ancien dirigeant d'une société pétrolière publique, celui de la Culture à Emad Abou Ghazi, un professeur d'université, et celui de la Main-d'œuvre à Ahmed El-Borei. Le nouveau gouvernement doit faire face à une situation économique difficile. La Bourse du Caire reste «indéfiniment» fermée et le pays a déjà perdu des semaines de précieuses recettes. M. Charaf s'est toutefois dit optimiste, hier, sur une reprise. Le cabinet doit aussi s'atteler à appliquer les réformes politiques sous l'égide de l'armée, à qui Moubarak a remis ses pouvoirs en partant. Le Conseil suprême des forces armées a suspendu la Constitution et dissous le Parlement. Un référendum sur des amendements à la Constitution est prévu le 19 mars, avant des élections législatives et présidentielle, en principe d'ici à la fin du mois d'août, avant un retour à un pouvoir civil. Par ailleurs, quarante-sept policiers ont été arrêtés pour la destruction de documents de la redoutable sécurité d'Etat égyptienne, une affaire qui témoigne du caractère ultra-sensible des archives accumulées par la police sous l'ère Moubarak et de leur possible divulgation. Ils sont soupçonnés d'avoir détruit des documents, en particulier en y mettant le feu, et d'avoir «saboté» des ordinateurs dans des locaux de cette institution dépendant du ministère de l'Intérieur. Samedi, des manifestants à la recherche de preuves d'abus commis par la sécurité d'Etat ont pris d'assaut des bâtiments de l'institution au Caire et dans plusieurs autres villes d'Egypte. Ces manifestants ont expliqué avoir agi après avoir constaté que les agents de ces services eux-mêmes étaient en train de détruire des documents. Selon la presse égyptienne, des quantités de dossiers confidentiels sur les pratiques de la police, la vie privée de personnalités ou encore sur les trucages électoraux ont été soit détruits par des agents de ce service, soit dispersés ou saisis par les manifestants.